Rencontre au Havre : Jean-Paul Kauffmann à la Galerne

Jean-Paul Kauffmann est à La Galerne au Havre vendredi 11 mars pour dédicacer et parler de son dernier livre Outre-Terre, paru aux éditions des Equateurs.

 

jpkauffmann« A la conférence de Postdam, la Prusse-orientale fut divisée en deux : Staline s’attribuera le nord tandis que la Pologne se verra octroyer la moitié sud qui touche la Mazurie. Selon un tracé totalement arbitraire. Eylau est situé dans l’Outre-terre. » Voilà pour le décor.

 

Jean-Paul Kauffmann part à la découverte d’une grande bataille napoléoniennne. Et le lecteur peut légitimement se demander ce qu’il va faire là-bas. C’est d’ailleurs la question que se pose respectueusement la famille – sa femme et ses deux garçons – qui l’accompagne. Pour le soleil, la plage, les monuments hitoriques et la végétation luxuriante, autant le dire d’emblée, c’est mal parti

 

Pour le journaliste, ce voyage dans l’enclave de Kaliningrad répondait à une frustration enfouie des années auparavant, à la suite d’un premier passage. « Pendant des semaines, voire des mois, une histoire vous passionne au point parfois de vous engloutir. Un jour, elle meurt faute d’avoir été alimentée. L’embrasement du début faiblit, il finit en cendres. Scintillent encore quelques braises. Elles s’éteignent une à une, il n’y a plus rien pour les entretenir. Que de feuilletons auxquels on croit être lié pour longtemps ! (…) A peine êtes-vous revenus à Paris qu’ils ne sont plus qu’un souvenir. Ce quasi-reniement, je l’ai pratiqué pendant plus de trente ans de journalisme. Cette amnésie est inséparable du métier. » En fait, Jean-Paul Kauffmann part pour trouver des réponses à une question qu’il ne connaît pas encore. Un mystère dans les traces du colonel Chabert de Balzac.

 

Et ce thème qui paraissait de prime abord d’un ennui sans fond s’avère passionnant. Parce que nous allons dans l’outre-Histoire. Parce que nous sommes dans le froid de quelque chose qui ressemble à un bout du monde. Parce que le style de l’auteur est impeccable. Et si l’ex-otage au Liban (1985-1988) reconstitue la tragique et héroïque bataille d’Eylau, c’est bien au-delà qu’il nous engage. Un voyage au final beaucoup plus intime. « Cette période de trois années où j’ai été séparée des miens n’est pas taboue. Je suis au cœur d’une contradiction dans laquelle se meut ma vie depuis près de trente ans. Je fais grief aux gens de me voir comme l’ex-otage alors que cette épreuve a transformé mon être profond. Je ne suis pas devenu meilleur, simplement plus vivant. Comment reprocher ce regard des autres qui à la fois m’enferme et me constitue. (…) Ma conviction est que l’on ne peut ni réparer ni remettre à neuf une existence endommagée. » Surtout pas un reportage. Surtout pas un roman.

 

H.D.

 

  • Vendredi 11 mars à 18 heures à La Galerne au Havre. Entrée libre.