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A l’Armitière à Rouen : rencontre avec Philippe Delerm

Dans Les Eaux troubles du mojito (Seuil), Philippe Delerm revient avec de nouvelles petites choses misérablement insignifiantes. Et tellement indispensables. Rencontre avec l’auteur jeudi 24 septembre à l’Armitière à Rouen.

 

delermSi Philippe Delerm n’avait pas écrit La Première gorgée de bière, nous n’aurions peut-être jamais pris pleinement conscience de ces moments ténus qui imperceptiblement rendent la vie plus supportable. D’autres l’ont fait, par petites touches. Delerm est passé lui au stade industriel tout en restant un humble artisan. Car on peut préférer certaines de ses « belles raisons d’habiter sur terre » à d’autres mais le diable d’homme sait toujours distiller de la poésie là où celle-ci a toutes les chances de se faire écrabouiller par un talon de chaussure.

 

Philippe Delerm est bien le seul à s’arrêter sur un panneau indiquant « peinture fraîche » ou à disserter sur l’aire de pique-nique de Tours-Nord… Des sujets qui feraient les délices de quelques comédiens de stand-up affamés et qui prennent tout-à-coup dans les mots de Delerm une dimension galactique. Il y a tantôt de l’humour, tantôt de la gravité. Souvent de la sensualité. « Elles vont parfois très vite et c’est encore meilleur. Certaines parviennent à nouer leurs cheveux en conduisant (…) Il y a un joli décalage entre l’expression de leur bouche, tendue dans une moue grimacière, et la solennité royale de leur port de tête, de leur offrande à l’espace. » La gravité, c’est quand l’auteur parle de la maladie d’Alzheimer. Un thème comme un autre, amené sans tremolo mais qui touche au cœur. Parce que c’est ça aussi la vie. Parce que, sans doute, l’existence ne vaut d’être vécue que si elle est peuplée d’émotions. Et rien que pour cela, on peut lever son verre à la santé de l’auteur. « Patron ! Un mojito… »

 

H.D.

 

  • Rencontre avec Philippe Delerm, jeudi 24 septembre à 18 heures, L’Armitière à Rouen.