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Agnès Bihl au Trianon

Agnès Bihl a toujours été très habile. Elle a le sens de la formule et sait intégrer une bonne dose de vivacité dans son écriture. Pas étonnant qu’elle ait réussi à publier en même temps un disque et un recueil de nouvelles. 36 Heures dans la vie d’une femme (parce que 24, c’est pas assez), un seul titre pour deux supports, raconte les préoccupations des femmes aujourd’hui, qu’elles soient mères, célibataires, amantes, divorcées, débordées, militantes… Agnès Bihl revient vendredi 17 janvier au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. C’est en effet un retour car la chanteuse, aux yeux malicieux, a imaginé son spectacle dans cette salle qu’elle connaît déjà très bien.

 

 

 

 

Comment s’est déroulée cette résidence ?

Très bien. J’ai eu des conditions de travail idéales. Tout le monde est aux petits soins. Ce fut très agréable.

 

Quel spectacle présentez-vous ?

Il s’est créé autour du nouvel album et aussi du livre. J’ai souhaité que le livre soit présent. Il y aura la lecture d’une nouvelle. Comme tous les spectacles, on passera du rire aux larmes, de l’amour à l’humour… Quant à la mise en scène, je vais y aller au feeling. Je n’aime pas figer les choses. Je veux les vivre.

 

Passer du rire aux larmes et de l’amour à l’humour caractérise aussi vos albums.

Ce kaléidoscope d’émotions me tient à cœur. Il est rare que nous passions une journée en ayant la banane du matin au soir ou étant complètement déprimé. Il y a toujours un petit sourire. Je visite ainsi toute la palette d’émotions. C’est le caractère multiple de la vie.

 

Comme vous le chantez, « votre pays, c’est la vie » ?

Oui, complètement. Cela me ressemble beaucoup. J’ai une grande vitalité. Je suis une bonne vivante. J’aime rire, faire rire, danser, me promener, y compris sous la pluie. Je me considère comme citoyenne du monde. C’est une formule un peu toute faire mais j’y tiens parce qu’elle rejette tout racisme, toute haine. Nous sommes tous vivants.

 

Est-ce cet album peut être la suite de ce titre J’ai pas le temps d’avoir 30 ans où vous disiez qu’il fallait être adulte ? Dans 36 Heures dans la vie d’une femme, ce sont des constats d’adulte.

C’est vrai. Il y a neuf ans entre ces deux albums. Il y a eu la naissance de ma fille. Quand on a un enfant, on a une terrible responsabilité. Ce n’est plus pour jouer. Les choses deviennent sérieuses. Je suis à l’aube de mes 40 ans. Même si je n’ai rien perdu de ma faculté de rire et de me mettre en colère, j’ai grandi fatalement parce que j’ai vécu plein de choses, notamment l’enfance de ma fille.

 

 

 

Pourquoi ce livre ? Etes-vous trop à l’étroit dans le format des chansons ?

J’ai toujours beaucoup de choses écrites. Pour ce projet, j’avais envie d’aller davantage au bout des sujets, de les évoquer sous forme de nouvelles, de faire vivre un personnage autrement. Le Baiser de la concierge est la première nouvelle que j’ai écrite. C’est une histoire vraie qu’une femme m’a racontée et qui m’a beaucoup bouleversée. J’ai mis beaucoup de temps à l’écrire. Tant de temps qu’elle est décédée avant que je la termine. Je m’en suis tellement voulue que j’ai eu envie d’aller plus loin. Pour le souvenir.

 

Quels souvenirs gardez-vous de ces moments d’écriture ?

Je garde le souvenir d’un immense bonheur. Sur le coup, c’était un pari un peu fou. Cela a été super dur. J’ai multiplié par deux le gouffre de la page blanche.

 

Pensez-vous écrire un roman ?

C’est ma grande interrogation. J’aimerais bien. J’ai l’impression d’être un metteur en scène qui passe du court au long métrage. J’aimerais bien aussi écrire une bande dessinée. En fait, toutes les formes d’écriture m’intéresse.

 

 

  • Vendredi 17 janvier au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Tarifs : de 16 à 8 €. Réservation au 02 35 73 95 15.