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Alexis HK au Trianon : « Nous avons tous en nous une âme de solitaire »

photo : Marc Philippe

Il est difficile de lui trouver quelques défauts. L’écriture est toujours de grande qualité. La voix reste chaude et rassurante. Il soigne ses mélodies. Il peut être à la fois bouleversant et drôle. Après sa grande tournée avec Georges et moi, Alexis HK fait découvrir ses nouvelles chansons qui figureront dans un nouvel album, Comme Un Ours (sortie à l’automne 2018). Il revient vendredi 1er décembre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Entretien.

Est-ce que vous avez dit au revoir à Georges Brassens ?

Non pas vraiment. On ne dit jamais vraiment au revoir à Georges Brassens. On lui dit toujours à bientôt. Mais je n’allais pas me nourrir sur son dos jusqu’à la retraite. Cette tournée a duré deux ans et demi et c’était bien.

Comment cette aventure a nourri l’écriture du prochain album ?

Quand j’ai voulu reprendre le répertoire de Brassens, je voulais me mettre à hauteur d’homme, pouvoir le regarder droit dans les yeux. Pendant ce travail, j’ai découvert qu’il était bien plus grand que je ne le pensais au départ. Brassens a un esprit éternel. Cela ne s’éteindra jamais. Pendant la tournée, j’ai aussi rencontré plein de gens qui l’ont côtoyé J’ai pu parler avec son jardinier. Il m’a montré des cartes postales qu’il avaient reçues. Cela a déclenché des choses énormes qui m’ont beaucoup appris.

Ce nouvel album a été écrit pendant la tournée, Georges et moi, comment avez-vous fait la part des choses ?

Ce fut très simple. Un répertoire n’empiète pas sur l’autre. Ce travail sur Brassens a été un exercice particulier d’interprétation. Quand on mène son propre projet, on s’éloigne de sa référence pour ne pas y ressembler. Brassens, je ne l’ai jamais renié et je ne le renierai jamais. C’est lui qui m’a donné envie d’écrire.

Pourquoi votre écriture comporte toujours une dimension narrative ?

J’ai envie de raconter des histoires. Aujourd’hui, on n’écoute plus d’histoire mais on en a toujours besoin. Je me donne la possibilité de raconter des histoires en très peu de temps. Cela m’a toujours plu.

Est-il difficile d’adopter un ton léger aujourd’hui ?

Non, je ne crois pas. Le monde ne peut pas se permettre d’avoir 7 milliards de personnes sombres. Je suis conscient que l’on puisse rester léger si on vit dans les conditions qui permettre de l’être. Cela dépend de la condition sociale. Quand on a la possibilité d’être un peu heureux, ce serait dommage d’être trop lourd. Cela fabrique de beaux souvenirs. Aujourd’hui, on ne sait plus très bien si on a le droit d’être heureux sans culpabiliser. D’ailleurs on ne dit plus rien.

Comment avez-vous abordé l’écriture de ce nouvel album ?

Je l’ai commencé dans l’ombre avec des états d’âme, dans une solitude. C’est pour cette raison qu’il s’appelle Comme Un Ours. Je l’ai écrit tout seul dans ma tanière avec dans l’idée d’avoir des chansons assez sombres et d’autres plus lumineuses. Les plus sombres partagent un sentiment. Les autres sont plus de l’ordre de la narration.

Écrire en solitaire, c’est ce qui vous convient le mieux ?

Depuis quelques années, j’ai un mode de vie solitaire. J’ai des moments de solitude qui me plaisent et d’autres qui me pèsent. Je ne suis pas un ours non plus. Il suffit que je sorte de chez moi pour rencontrer 300 personnes lors d’un concert. Nous avons tous en nous une âme de solitaire. Quand cela nous rattrape, on peut devenir fou. Ce sujet m’intéresse beaucoup.

Vous êtes aussi seul sur scène lors de cette tournée.

C’est bien comme ça. J’ai commencé seul avec une guitare. Au début, tes câbles ne sont ja mais assez longs. Le son de ta guitare est pourri. Vingt ans plus tard, tu es entouré de super techniciens. Sur le plateau, tout est prêt. Le son de ta guitare est génial. C’est le grand bonheur. C’est le bénéfice du temps qui passe.