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Arman Méliès au Trianon

photo François Berthier
photo François Berthier

Et de IV ! Titre simple du nouvel album d’Arman Méliès, sorti avant l’été. Il a élargi les paysages sonores en délaissant la guitare pour privilégier des esthétiques plus froides. Arman Méliès a joué avec les machines qui apportent à ses chansons une plus grande intensité dramatique. Dans IV, on baigne dans la poésie et la mélancolie. Arman Méliès est en concert mardi 15 octobre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen.

 

Est-ce que le fait de travailler pour d’autres artistes a changé votre manière d’écrire ?

Cela a pu changer quelques éléments dans ma façon d’écrire de manière générale. Mais cela m’a surtout permis de faire tomber quelques barrières, de débloquer quelques verrous. J’ai pu livrer des choses plus intimes. Comme ces choses étaient incarnées par d’autres, je me suis senti plus libre. Pour cet album, j’ai en effet écrit de manière plus libre.

 

Vous n’étiez pas conscient de ces barrières ?

J’ai toujours avancé un peu masqué dans les chansons. Certains titres sont des fictions qui résonnent avec ma vie quotidienne. Quand le registre est intime, j’ai tendance à maquiller. Cela fait partie du processus d’écriture. Et je prends un malin plaisir à me déguiser.

 

Quand vous êtes-vous senti plus libre ?

Je me suis senti plus libre en terme de composition. Le fait de côtoyer Alain Bashung m’a fait prendre conscience que je pouvais diversifier ma palette musicale. Lui avait conscience qu’il pouvait apporter quelque chose de singulier, qu’il pouvait se permettre de piocher dans diverses esthétiques. Cela m’a bousculé. Aller voir ailleurs m’excitait même si cela me décontenançait. Comme j’avais un intérêt pour les musiques électroniques, j’ai abandonné la guitare au profit des machines.

 

 

D’où cet album plus froid qui est aussi le reflet d’une époque.

Les deux sont forcément liés. J’avais une idée de ce que je voulais raconter. Pour moi, il était cohérent d’aller vers du côté de la musique électronique pour donner chair à ces thèmes-là. A l’inverse des clichés qui prétendent que cette musique ne véhicule pas beaucoup d’émotions, je trouve qu’il y a quelque chose de très beau, de mélancolique. Et j’assume totalement ce côté froid.

 

Notamment dans Mes Chers Amis.

Ce morceau est lié à l’époque où je l’ai écrit. Il y a des allusions un peu cachées. C’est un des thèmes de cet album : ces machines que nous sommes tous devenus. C’était en pleine présidence de Sarkozy. Il y avait quelque chose d’assez violent pour les personnes en grande difficulté, d’assez méprisant, malsain.

 

 

Pourquoi écrivez-vous que « Rien n’a changé » ?

Rien ne change véritablement. Aujourd’hui, nous avons accès à des centaines de moyens d’information. Le problème : plus on est informé, plus on est passif. J’ai dans l’idée que la surinformation est en grande partie responsable de cette passivité parce que nous nous rendons compte que nous sommes dépossédés de tout. J’ai un sentiment de tristesse face à ce sentiment d’impuissance.

 

Vous citez Bergman dans un des textes. Est-ce un réalisateur qui vous inspire ?

Pas pour ce disque. Il reste cependant un cinéaste qui m’a beaucoup marqué et qui continue à me marquer. Il y a encore plein de films de lui que je n’ai pas vus. Et je ne vais pas me ruer dessus maintenant. Comme certains chefs-d’œuvre, je les mets de côté et j’attends d’être prêt pour les découvrir.

 

Est-ce que le cinéma a toujours une influence sur votre travail ?

C’est un art que me parle. Je suis de plus en plus intéressé par la musique instrumentale. Il y a un lien avec le cinéma. Il y a bien évidemment des gens qui me bouleversent, qui m’inspirent, qui alimentent ma créativité. C’est un processus qui est relativement long et plutôt abstrait. C’est une maturation lente.

 

  • Mardi 15 octobre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen.
    Tarifs : de 14 à 7 €. Réservation au 02 35 73 95 15.
    Première partie : Amara