/

Béatrice Massin : « Mass b doit donner envie de se fédérer »

massbBéatrice Massin est une spécialiste de la danse baroque. Avec Mass b, une pièce présentée mardi 29 novembre au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray, la chorégraphe des Fêtes galantes y ajoute une touche contemporaine. Sur la Messe en si mineur de Bach et quelques œuvres de Ligeti, Béatrice Massin évoque les peuples en fuite à la recherche d’un monde meilleur. Pour cela, elle réunit sur le plateau dix jeunes danseurs ayant des parcours différents pour inventer un langage commun. Entretien.

 

Est-ce que la Messe en si mineur de Bach est le point de départ de Mass b ?

Oui, elle est à l’origine de la pièce. J’ai une grande passion pour Bach depuis longtemps. Il est indispensable à ma vie. La Messe en si mineur est une œuvre majeure à laquelle j’ai envie de m’atteler depuis plusieurs années. Il y a une richesse, une énergie dans cette œuvre qui permet de s’élever.

 

Mass b n’est pas une pièce religieuse.

Pas du tout. Nous avons enlevé le contexte religieux pour aborder d’autres questions. La Messe en si mineur est vraiment une œuvre sur la lumière, sur l’espoir, sur le besoi, d’être ensemble.

 

Dans Mass b, vous soulevez des questions politiques.

C’est une pièce qui s’inscrit dans le contexte actuel avec une danse baroque d’aujourd’hui. Qu’est-ce qu’une communauté en migration ? Des croyances, des rites… qu’emporte-t-elle avec elle ? De tout temps, il y a eu des migrations. C’est une constante sur notre planète. Il y a eu les protestants au XVIIe siècle. Il y a les Syriens aujourd’hui. Beaucoup de communautés n’ont pas d’autres choix que de partir de chez elle. Alors comment se reconstruire ailleurs ? Mass b doit donner envie de se fédérer.

 

Mass b est-elle l’expression d’une colère ?

Non, ce n’est pas forcément une colère. C’est la constatation d’une société qui se délite, qui ne prône plus les valeurs essentielles. C’est davantage une tristesse. Je reste cependant optimiste. La Messe en si mineur de Bach est une œuvre optimiste, certes lourde mais elle débouche sur le plaisir partagé. Il y a de la vie.

 

 

 

Vous avez composé une danse très physique.

C’est en effet une danse très physique qui va jusqu’à l’épuisement. Ce sont des parcours individuels qui deviennent collectifs. Il y a un groupe, une communauté composée de danseurs très différents les uns des autres. C’était important pour moi dans ma recherche. Il doit y avoir un désir de danser ensemble. Quand ça marche, c’est très jouissif.

 

Pour Mass b, vous avez choisi de jeunes danseurs.

C’est un groupe que j’ai choisi pour cette pièce. Il y a de très jeunes danseurs. J’ai travaillé avec eux et à partir d’eux. Il y a eu ainsi beaucoup d’improvisation. Mass b s’est construite avec l’évolution du groupe, dans la connaissance de chacun. Elle est née avec eux et avec les deux créateurs, Christian Rizzo et Emmanuel Nappey.

 

Mass b est-elle davantage une œuvre baroque qu’une pièce contemporaine ?

C’est une pièce baroque. Nous avons pioché aussi dans des références picturales des XVIIe et XVIIIe siècles. Mass b reste une pièce baroque d’aujourd’hui.

 

  • Mardi 29 novembre à 20h30 au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray. Tarifs : de 20 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 91 94 94.