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Cali au Trianon : « C’est un solo qui hurle »

photo Yann Orhan
photo Yann Orhan

Cali invite dans sa chambre… Lors de cette tournée qu’il a souhaitée en solo, le chanteur a reconstitué le décor de son antre quand il avait 16 ans. Un lit, des livres, des disques et aussi des souvenirs, des espoirs et des chagrins… Cali se raconte et revient sur son répertoire tout en dévoilant les chansons de son septième album, Les Choses défendues. Entretien. Gagnez vos places en écrivant à relikto.contact@gmail.com

 

Quel plaisir avez-vous d’être seul en scène ?

C’est un plaisir immense et extraordinaire. Seul sur scène, je peux faire ce que je veux. Je suis dans ma chambre et je suis libre. Je peux suivre ce qui est prévu, ou pas, changer l’ordre des chansons, faire des pauses pour parler avec le public…

 

Pourquoi avez-vous choisi votre chambre ? C’est un lieu très intime.

J’avais envie d’inviter le public dans ma chambre comme on accueille ses copains lorsque l’on est enfant ou ado. L’endroit où on rêve le plus, c’est sa chambre. Par ailleurs, pour moi, tout part de là.

 

Dans votre chambre, il y a vos livres. Lesquels vous ont le plus marqué ?

Beaucoup d’auteurs m’ont bouleversé. Dans ma chambre, il y a la littérature américaine et aussi Bukowski, Oscar Wilde, Philippe Djian, Garcia Lorca. Et la Bible évidemment.

 

Et les disques ?

Le choix a été plus difficile. C’est comme répondre à cette question : quels disques emporteriez-vous sur une île déserte ? Personne n’arrive jamais à faire une liste. Ces disques sont liés à l’histoire que je raconte. J’ai alors emporté les Clash, les Ramones, les Sex Pistols, Ferré…

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre chambre d’ado ?

J’ai des petits souvenirs. C’est une pièce que je partageais avec mon grand frère. J’ai encore en tête ces soirées passées dans la chambre avec les copains et les copines. Il y avait la platine de vinyles qui tournait pendant nos discussions.

 

Vous qui déployez beaucoup d’énergie sur scène, comment faites-vous pour la contenir lors de cette tournée au piano ?

Je ne la contiens pas. Elle est juste différente. Je parle beaucoup. Je raconte des anecdotes sans pudeur. Je me marre avec ça. Lors des concerts, il n’y a pas un silence de cathédrale. C’est un solo qui hurle.

 

Est-ce que cette tournée en solo vous est apparue comme une évidence ?

J’avais proposé cela à mes amis. Mais j’avais beaucoup de doutes. Je trouvais cela un peu prétentieux. Comme ils m’ont encouragé dans cette voie, cela m’a donné confiance. J’ai alors commencé à rédiger une histoire. Avec cette tournée, nous sommes entre théâtre et chanson. Au fil de l’écriture, je me suis rendu compte qu’il y avait plein de chansons que je n’avais jamais jouées sur sur scène. C’était l’occasion pour moi de revenir sur mon répertoire.

 

Quel regard avez-vous porté sur toutes ces chansons ?

Cela a été intéressant de revenir sur certaines d’entre elles. Quand on écrit une chanson, on ajoute des arrangements, on l’enregistre, on la chante. C’est avec ce décor que le public les connait bien. Le fait de les reprendre seul me permet de revenir à ces moments où j’étais en train de les écrire. Par exemple, Elle m’a dit est aujourd’hui une chanson complètement différente. Je la joue de manière très posée. Pour chacune d’entre elles, les mots résonnent différemment. C’est très troublant.

 

Pensez-vous que cette tournée va influencer votre écriture future ?

Tout a une influence sur ce que l’on fait. Quand on chante, on place sa voix d’une certaine manière et on s’habitue à la placer de cette manière. Pour cette tournée, j’ai dû changer. Si on change de tessiture, on peut aller vers d’autres mots. Je pense que cela va avoir en effet une influence sur les prochaines chansons.

 

Vous vous êtes déjà engagé lors d’une élection présidentielle, envisagez-vous de soutenir à nouveau un candidat pour la prochaine ?

Je me suis engagé et je me suis aussi présenté aux élections municipales. Aujourd’hui je suis comme tout le monde, désabusé, triste de ce théâtre que l’on nous propose. Je préfère m’engager dans d’autres combats. Ceux-là sont associatifs et se font auprès des migrants. Je suis scandalisé quand je vois des personnes condamnées pour avoir secouru d’autres personnes. Quant à la culture, on n’en parle pas. Oui, je vais aller voter. Pour qui ? Je ne sais pas. Je sais seulement pour qui je ne vais pas voter.

 

 

 

 

  • Mercredi 15 mars à 20h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Tarifs : de 22 à 11 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 73 95 15, au 02 35 68 48 91.