« Cela reste du cinéma »

 Le Cercle Photo © Pidz / FCEA
Le Cercle Photo © Pidz / FCEA

Claude Duty, réalisateur rouennais, a une passion pour le cinéma. Un vrai loisir pour cet homme inventif qui ne cesse de jouer avec les conventions. Claude Duty a tourné une trentaine de courts métrages et trois longs, Filles perdues, cheveux gras, Bienvenue au gîte et Chez nous, c’est trois. Mardi 8 juillet, l’Ubi propose la projection de neuf de ses films, tournés entre 1978 et 2007, qui se trouvent aux frontières de l’expérimental, du graphisme et de l’animation.

 

Vous êtes surnommé le pape du court métrage. Est-ce une expression qui vous convient ?

C’est une expression amusante utilisée depuis très longtemps. Même si elle ne me plaît pas beaucoup. Cela a commencé au festival à Clermont-Ferrand. C’est vrai que l’on me voit beaucoup dans le milieu du court mais j’ai aussi abordé le long. J’alterne le court et le long. Pour moi, cela reste du cinéma.

 

Est-ce que la démarche pour réaliser un court ou un long métrage est radicalement différente ?

Pas tant que cela. Pour le long, il faut penser davantage au public, à l’attention du public. Il faut être bienveillant avec les personnes qui vont s’enfermer pendant une heure et demie dans une salle. Cependant, la manière de faire du cinéma est la même. C’est une question de plan, d’image, de grammaire cinématographique que l’on bouscule plus ou moins.

 

Qu’aimez-vous dans le travail du court ?

C’est vraiment un genre dans lequel j’aime m’aventurer parce que l’on peut jouer avec les codes cinématographiques. On est plus dans l’artisanat, dans la recherche. C’est davantage un travail de solitaire. On peut être seul avec une poignée réduite de techniciens. Le court se réalise avec une économie de moyens. Il est aussi un itinéraire obligé pour passer au long.

 

Qu’est-ce qui fait la durée d’un film ?

Le film s’impose par sa durée. Chaque film a sa propre durée, sa propre autonomie. Le film échappe à la narration et le rythme s’impose. On se rend compte de cela au montage.

 

Comment a évolué le marché du court métrage ?

Il reste marginal et parallèle à celui du long métrage. C’est comme la poésie et la nouvelle en littérature. Il y a quelques années, les courts passaient en première partie des longs mais ce n’était pas systématique. Il y a des programmes à la télévision en fin de soirée. Mais il n’y a pas un vrai réseau de diffusion. Pourtant, il permet de s’exprimer. Aujourd’hui, le numérique a popularisé le fait que les gens puissent faire des films.

 

Quel programme avez-vous choisi pour cette soirée ?

Ce sont des films qui sont dans l’essence même du cinéma. Aujourd’hui, les trois-quarts des films sont plus dans la captation que dans la matière cinématographique. Les films qui sont projetés sont dans une veine expérimentale. Ils existent seulement parce qu’il y a le médium cinéma, parce qu’il y a un outil. Dans ces courts métrages, j’ai détérioré, gratté l’image. J’ai inventé des décalages. Ce sont des films graphiques à la limite de l’animation.

 

A l’Omnia

Dans ce parcours courts-métrage, l’Omnia à Rouen projette mardi 8 juillet deux films soutenus par le Pôle Image Haute-Normandie. Tarpan de Sébastien Téot et Marc Vittecoq est un film d’aventures qui se déroule en milieu rural. Dans leur quête mystérieuse, Fred et Lionel, deux trentenaires, vont faire une rencontre imprévue. Dans Papa Oom Mow Mow, Sébastien de Fonseca raconte l’histoire de Franck qui subit un choc capillaire. Tout cela change sa vie triste dans sa ville pluvieuse, Rouen.

 

Parcours courts-métrages

  • A 18h30 : projection au cinéma Omnia, rue de la République à Rouen. Tarif : 4 €
  • A 20 heures : rencontre avec Sébastien Téot et Marc Vittecoq, Sébastien de Fonseca à l’Ubi, 20, rue Alsace-Lorraine à Rouen. Entrée libre
  • A 21 heures : projections de 9 courts-métrages de Claude Duty en sa présence à l’Ubi. Entrée libre