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Cirque à Elbeuf : jusqu’aux limites de la chute

photo Géraldine Aresteanu
photo Géraldine Aresteanu
photo Géraldine Aresteanu

Yoann Bourgeois est un « grand joueur ». Dans Celui qui tombe, une pièce présentée du 10 au 12 mars par sa compagnie au cirque-théâtre à Elbeuf, il s’amuse avec les notions d’équilibre et de risque. Six interprètes tentent de rester debout sur un immense plateau de bois mouvant, tel un terrain de jeu menaçant. Ils entament ainsi une chorégraphie vertigineuse et acrobatique pour éviter la chute. Entretien.

 

Est-ce que le déséquilibre est une question banale ?

Non, pas du tout. C’est une source de questionnements. Cependant, je parlerai plus volontiers de notions physiques, de plans, de mécaniques élémentaires, des forces en général. C’est à partir de ces notions que je développe une théâtralité. Je viens des arts du cirque et je vois mon travail comme une déconstruction de cette matière, le cirque. Dans ce spectacle, je m’intéresse à ces puissances qui nous traversent pour tenir debout. Ce qui peut aussi avoir une portée existentielle.

 

Depuis combien de temps, cette question de l’équilibre et du déséquilibre vous taraude ?

Cela remonte à très loin, à l’enfance et au jeu avec les manèges, la balançoire. J’ai toujours eu un attrait pour ces jeux-là. Depuis, j’y réfléchis souvent. J’y consacre ma vie. Cela reste important pour moi.

 

Pourquoi ?

C’est à la fois un travail et pas un travail. Depuis plusieurs années, je ne vis pas autre chose en dehors de cela. C’est une manière de vivre. Le cirque est un art de vivre. On joue sa vie lorsque l’on se retrouve sur un fil. C’est s’engager pleinement dans des aventures. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé d’autres manières de vivre que de fabriquer des spectacles. C’est d’ailleurs la seule chose que j’ai décidé d’apprendre. J’ai trouvé dans cet apprentissage quelque chose qui m’a construit. C’est donc nécessaire pour moi. Ce que j’ai toujours cherché à travers ces disciplines circassiennes, c’est atteindre un point de suspension avec le désir de résister à la mort, à l’immobilité, aux poids.

 

 

 

Les corps sont ainsi toujours sollicités.

Pas seulement les corps humains. Je travaille à partir d’un certain matériel qui permet à l’homme d’être soumis à la même force que les objets. Dans le cirque qui existe dans ma tête, l’homme n’est pas au centre. Il se trouve sur un plan horizontal, au même niveau que les objets, les animaux… Je ne le vois au centre de l’univers, au centre du plateau. Cela rend notre présence plus bouleversante, plus fragile. Dans Celui qui tombe, six personnages, telle une humanité, sont sur un plateau contraint de manière importante. Eux, avec leurs capacités physiques différentes, sont soumis à des contraintes physiques fortes. On flirte avec la fiction très souvent. Mais on est à un niveau beaucoup plus concret.

 

Sont-ils uniquement des corps en résistance ?

Oui d’une certaine manière. Leur intention principale consiste à tenir debout ensemble. Au début, personne n’est abandonné. C’est une métaphore de la vie. C’est ce qui me plaît. Je retiens une situation, une image qui en appelle d’autres.

 

  • Jeudi 10 mars à 19h30, vendredi 11 et samedi 12 mars à 20h30 au cirque-théâtre à Elbeuf. Tarifs : de 21 à 6 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquetheatre-elbeuf.com
  • Spectacle tout public à partir de 8 ans