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Cirque à Elbeuf : en suspension avec Yoann Bourgeois

photo Géraldine Aresteanu

Yoann Bourgeois, codirecteur du centre chorégraphique national de Grenoble, poursuit ses recherches sur le point de suspension. Nouvelle exploration à travers différents spectacles courts jeudi 9 et vendredi 10 novembre au cirque-théâtre à Elbeuf qu’il connaît bien.

C’est une question qui le taraude. Le point de suspension est une obsession pour Yoann Bourgeois. C’est cet instant furtif pendant lequel l’acrobate termine son élan avant la chute inévitable. « Je n’en ferai jamais le tour. Ce sujet s’approfondit à l’infini. Pour moi, ce n’est pas une thématique de travail, c’est une conquête d’existence. Je ne veux pas faire autre chose. Il y a certes une exigence esthétique dans cette recherche mais cela me permet aussi de penser mes rapports au monde, de faire le point, d’y voir plus clair. Peut-être je pourrais arrêter si j’avais la prétention de croire que je ne vais pas mourir ».

Yoann Bourgeois explore ce fameux point de suspension dans une constellation de dispositifs physiques, dans des variations. Depuis ses débuts, il construit « par approfondissement » ses poèmes circassiens et chorégraphiques. Yoann Bourgeois, artiste toujours aussi exigeant, aime autant se confronter aux lois de la physique pour placer les acrobates dans des situations de suspension. Comme les spectateurs dont les certitudes sont bien bousculées. Il y a des envolées gracieuses et des chutes douces. Chaque création est une métaphore de la vie.

La parole comme une douleur

Jeudi 9 et vendredi 10 novembre, le codirecteur du centre chorégraphique national de Grenoble présente dans plusieurs endroits du cirque-théâtre à Elbeuf Minuit, une série de petites formes. Dans le programme, il y a Les Paroles impossibles qu’interprète Yoann Bourgeois. « C’est la forme la plus proche de moi », confie-t-il. « Elle est en moi depuis toujours. Elle évoque ce pourquoi je fais du théâtre. C’est en fait un manifeste contre les discours ». L’acrobate et danseur ne cache pas son embarras à prendre la parole. « C’est un acte difficile, voire douloureux ». Le voilà face à un micro à exposer « toutes les manières d’échouer devant la prise de parole » en puisant dans un texte de Durringer.

Outre les Fugue, Mobile, Yoann Bourgeois crée le préambule de Minuit, ce moment de bascule d’un jour vers un autre. Pour ce nouveau chapitre, il s’est inspiré du Wakouwa, ce jouet en bois articulé à partir d’un bouton poussoir. Là, ce sont les interprètes qui deviennent les figurines et se retrouvent dans des situations instables dans un dispositif fait de table et de chaises. A chacun de retrouver son équilibre.

  • Jeudi 9 novembre à 19h30, vendredi 10 novembre à 20h30 au cirque-théâtre à Elbeuf. Création d’un numéro Poème en préambule une demi-heure avant le début du spectacle. Tarifs : de 21 à 12 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquethéâtre-elbeuf.com
  • Spectacle tout public à partir de 10 ans.