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Concert à l’Opéra : les histoires sombres de Dvořák

photo Guy Perrenoud

Pas un mais deux orchestres : le premier de l’Opéra de Rouen Normandie, le second du conservatoire de Rouen. Les deux formations, dirigées par Kaspar Zehnder, interprètent samedi 6 mai au Théâtre des Arts des Poèmes symphoniques d’Antonin Dvořák.

C’est un compositeur qui lui est proche. Kaspar Zehnder défend avec force la musique du compositeur tchèque, Antonin Dvořák (1841-1904). « On me dit que j’ai quelque chose de slave chez moi. Pourtant je suis Suisse. J’ai fait mon premier rêve de chef d’orchestre devant le Rudolfinum de Prague. Je me demandais : comment vais-je faire pour arriver à jouer ici ? Et le premier orchestre que j’ai dirigé, c’est à Prague ». Kaspar Zehnder retrouve régulièrement la saveur de la musique de Dvořák. « Aujourd’hui, on reconnaît la valeur de ses oeuvres. Il y a vingt ans, on le jouait très peu ici. C’est dommage. Chez lui, il n’y a pas seulement le génie inventif mais aussi des trésors de mélodies, des fantaisies de variations ».

Le chef dirige samedi 6 mai les Poèmes symphoniques de Dvořák, des pièces musicales inspirées du recueil de Karel Jaromir Erben (1811-1870), Un Bouquet. Cinq sérénades, d’une grande intensité dramatique, pour raconter cinq contes fantastiques, la plupart cruels. Seul Le Rouet d’or apparaît le plus lumineux avec cette histoire d’amour riche de celle de Cendrillon. « Avec cette oeuvre, Dvořák revient à ses racines. Il est depuis trois ans le directeur du conservatoire de New York aux Etats-Unis, loin de son pays. Il a écrit la Symphonie du Nouveau Monde. Là, il écrit des partitions en intégrant tout ce qu’il porte dans son sac à dos. Il ne faut pas oublier que Dvořák est le fil d’un boucher de campagne qui a développer peu à peu son art grâce à Brahms. Il met dans ces Poèmes tout ce qu’il est et tout ce qu’il défend ». Ce sont des pièces très colorées, riches. « La musique est très illustrative et remplie de symboles ».

Des professionnels mais pas que…

Pour cette soirée dédiée à Dvořák, Kaspar Zehnder a sous sa baguette deux orchestres : celui de l’Opéra de Rouen Normandie qu’il a déjà dirigé lors du concert du Nouvel an en 2015 et celui du conservatoire de Rouen. « C’est très important de mélanger des musiciens professionnels et non-professionnels. Cela permet de montrer à ces derniers comment fonctionne cette machine qu’est l’orchestre, comment faut-il réagir à la gestuelle du chef ».

Lors des répétitions, le maestro suisse a pris plaisir à « observer l’envie de ces jeunes musiciens. C’est très touchant et aussi nourrissant pour l’âme de l’orchestre ». Il a aussi consacré « plus de temps à expliquer, raconter l’histoire des Poèmes. C’est important afin d’ouvrir l’esprit de ces jeunes, d’éveiller leur curiosité ». Ce concert sera avant tout « un moment de partage ». Pour lui, le plus important, « ce ne sera pas de reproduire ce qui existe 1 000 fois sur Youtube ou sur CD et qui est 1 000 fois mieux mais d’assister à un concert live. Et ça, ce n’est pas comparable ».

  • Samedi 6 mai à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 32 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr