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Concert à Rouen : Christian Olivier, en solo, au 106

photo Marikel Lahana
photo Marikel Lahana
photo Marikel Lahana

Il est le chanteur emblématique et surtout l’âme de Têtes raides. Il a une plume trempée dans une encre bien noire. Christian Olivier poursuit sa route en solitaire. Il a sorti le 25 mars dernier son premier album en solo. Avec On / Off, il remet à nouveau les choses à plat. Il en profite pour revenir sur quelques aventures, parler de transmission, d’être davantage dans l’introspection. Il ose des rythmes colorés, dansés. Avec cet album dans lequel surgissent quelques notes d’espoir, Christian Olivier est en tournée. Il passe par le 106 à Rouen vendredi 13 mai.

 

Était-ce devenu logique, naturel de lancer une aventure en solo ?

C’est arrivé parce que c’était le moment. Oui, cela a été naturel. A la fin de la tournée des Terriens avec Têtes raides, il était temps de faire une pause, de prendre la route autrement. Mais je ne fais pas une pause musicale.

 

Comment avez-vous appréhendé cette écriture en solitaire ?

Cela s’est fait aussi naturellement parce que j’écris régulièrement depuis plus de 30 ans. Avec Têtes raides, j’écris en pensant directement ou indirectement aux membres du groupe. Cette fois, j’ai commencé à écrire sans savoir avec qui j’allais travailler. Il y a inévitablement une ouverture qui se produit dans l’écriture.

 

Vous êtes-vous senti plus libre ?

Je ne sais si c’est le bon mot parce que, avec Tête raides, tout a toujours été très libre. Avec ce nouveau projet, je ne me suis pas posé de questions et je suis allé chercher, creuser à d’autres endroits.

 

Des endroits plus intimes, par exemple.

Sûrement. Seul, on se met plus à nu, en abyme. Même si la pudeur est toujours là. Cela fait partie de mon histoire. C’est devenu visible lorsque j’ai commencé à travailler en studio.

 

Qu’avez-vous ressenti ?

Je me suis aperçu que j’avais un autre espace pour l’interprétation, que j’avais plus de place pour raconter une histoire. Ma voix est venue se posée autrement. Elle s’est ouverte davantage.

 

Vous avez aussi tout composé à la guitare, très présente sur l’album.

Oui, toutes les compositions ont en effet été faites à la guitare. Cela a aussi bousculé ma manière d’écrire. Les mélodies sont différentes. J’ai travaillé avec Edith Fambuena qui est une super guitariste. Cet instrument a apporté de la matière, de la texture aux chansons.

 

 

 

Vous évoquez la démocratie. Quelle définition donnez-vous à ce mot ?

Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un endroit où il falloir qu’il se passe quelque chose. Il faut la protéger et la réinventer. Tout comme la liberté. Et surtout en ces périodes difficiles pendant lesquelles le droit des femmes est bafoué, on constate un repli sur soi, des voix ressurgissent.

 

Quelle place donnez-vous à la religion ?

Pas énormément de place. La société, elle, lui donne en revanche de plus en plus de place. Les médias aussi. Il n’y a plus un débat dans lequel elle n’intervient pas. Chacun est libre de croire. Or, ne pas croire est devenu aujourd’hui un combat. Cet espace se resserre de plus en plus et cela m’inquiète.

 

On vous sent plus optimiste dans cet album.

J’ai surtout ressenti cela lorsque l’album a été terminé. Lors de l’enregistrement, j’ai eu cette énergie, cette envie d’aller de l’avant et de parler de belles choses.

 

Est-ce de la sagesse ?

Je ne sais pas si cela s’appelle de la sagesse. Mais peut-être qu’il y a un peu de cela. J’ai surtout essayé de me rapprocher des choses que l’on n’a plus le temps de regarder, de redonner envie de lire de la poésie, d’être curieux. C’est très réjouissant de redonner ce goût, cette sensibilité, cette flamme.

 

Est-ce pour cette raison que cet album reste très dansant ?

Oui, il y a, dès le début, ce côté optimiste, positif, cette envie de bouger. Même dans les morceaux les plus lents, il y a une danse. J’ai voulu mettre cela en avant. La musique et la danse sont liées. Par ailleurs, le chant vient du corps. A l’intérieur, tout bouge.