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Concert à Rouen : les musiques sauvées des camps

Hélios Azoulay ouvre le septième chapitre de cette histoire musicale. Chaque année, il dévoile quelques partitions des musiques composées dans les camps de concentration. Il les interprète avec son Ensemble de musique incidentale vendredi 8 mai à Rouen et samedi 9 mai à Freneuse lors du Curieux Printemps.

 

photo Charles Guibert
photo Charles Guibert

Depuis plusieurs années, Hélios Azoulay effectue des recherches sur les musiques composées dans les camps de concentration. Il sort de l’oubli toutes ces partitions écrites dans une urgence, dans une terreur et une souffrance indéfinissables et préservées par les survivants. Depuis sept ans, il se fait le passeur de cette musique dégénérée, comme la surnommaient les nazis.

 

Pour le Curieux Printemps, Hélios Azoulay, clarinettiste doué, interprète avec son Ensemble de musique incidentale plusieurs de ces musiques composées par des déportés. Certains ont inscrit leur nom, d’autres pas. Les uns ont écrit des berceuses, des danses ; les autres, des sérénades. Parmi eux, il y a Emile Goué, un officier. « Il était dans un camp de prisonniers, un Oflag. Il est mort six mois après son retour. Il était un grand professeur de physique au lycée Henri IV à Paris. Il a composé un quatuor de toute beauté ». Toutes ces musiques sont bien évidemment empreintes de drame, de douleur intense mais elles célèbrent la vie. Elles dégagent une énergie et une belle poésie.

 

Hélios Azoulay et sa formation qui ont enregistré un premier album, … même à Auschwitz, rendent vivantes toutes ces musiques. Peut-être encore plus proches de nous. « J’ai de moins en moins l’impression de faire un travail d’historien mais un travail d’urgence. Il est impossible de ne pas relier cette violence passée à notre période d’aujourd’hui, à la violence de notre époque ».

 

Dans ce concert qui n’est tout à fait un vrai concert, le musicien, artiste généreux et véritable showman, ne peut retenir sa langue. C’est un grand bavard, toujours juste dans le choix de ses mots, qui régale de moments de poésie. Il parle de ces musiques avec passion, force et aussi avec beaucoup d’humour. « Aujourd’hui, l’inculture et la barbarie sont les maîtres d’une situation que plus personne ne peut contrôler. J’ai encore cette espèce de naïveté de croire en la poésie ».

 

A la musique et aux mots, Hélios Azoulay a ajouté des images d’archives et des enregistrements inédits de concerts filmés dans les camps de concentration.

 

  • Vendredi 8 mai à 20h30 à la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers à Rouen. Concert gratuit. Réservation au 02 35 52 93 93.
  • Samedi 9 mai à 20h30 en l’église de Freneuse. Concert gratuit. Réservation au 02 35 52 93 93.