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Concert à Rouen : Ibrahim Maalouf reprend Oum Kalthoum

ibrahim maalouf denis rouvreIl y a un peu plus de quarante ans disparaissait Oum Kalthoum. Grande cantatrice égyptienne, elle fait partie de ces artistes légendaires qui continuent de rayonner, d’être adulées et écoutées. Ibrahim Maalouf, musicien hyper actif, rend hommage à la diva arabe dans un album, Kalthoum, et lors du concert, programmé par le Hangar 23, qu’il donne vendredi 19 février à la chapelle Corneille à Rouen. Il relit ce répertoire, notamment Alf Leila Wa Leila (Les Mille Et Une Nuits) avec quatre musiciens, en dégage tout le mystère et les vibrations. Interview.

 

Dans ces albums, Kalthoum et Red & Black Light, vous rendez hommage à des femmes. Vous inspirent-elles davantage que les hommes ?

Non, ni plus, ni moins. Il y a des hommes qui m’ont aussi inspiré. Cependant, au tout début, j’ai fait une rencontre particulière avec Lhasa. C’était à un moment où j’étais perdu dans mes études. Je ne parvenais pas à trouver quelque chose qui me ressemblait. Je me souviens qu’elle avait, elle, trouvé sa propre couleur, son identité musicale. Elle m’avait beaucoup encouragé, puis invité sur son album et sur scène. C’est là que j’ai eu un déclic.

 

Où était votre blocage ?

Je ne sais pas. Quand on a 18-20 ans, ce n’est évident pour personne. On se cherche obligatoirement. En fait, elle m’a donné le sentiment qu’il n’est pas impossible de découvrir la musique qui nous ressemble. C’est en jouant avec elle que j’ai compris que mon son de trompette avait du sens.

 

Pour trouver un son, il y a aussi le travail.

Il y a en effet le travail, la persévérance mais il faut aussi savoir que l’on est capable de suivre ses envies. Il faut avoir suffisamment d’assurance pour aller de l’avant, et un part de doute pour interroger ce que l’on crée.

 

Comment avez-vous appréhendé le répertoire de Oum Kalthoum, empreint de mystère ?

J’ai grandi avec la voix et les chansons de Oum Kalthoum. C’est ma langue maternelle, ma culture, ma vie. Pour appréhender un tel répertoire, il faut avoir autant d’assurance que de doute parce qu’il est sacré. Oum Kalthoum est considérée comme la seule vraie grande chanteuse arabe. Oui, il faut du courage pour s’attaquer à ces chansons, remettre en question en permanence la direction que l’on prend. Cela n’a pas été évident.

 

 

 

Quel message souhaitiez-vous faire passer en reprenant un tel répertoire ?

J’avais envie de faire découvrir certains détails que l’on ne relève pas forcément quand on l’écoute. C’est avant un travail de réinterprétation. J’ai souhaité donner à la voix de Oum Kalthoum une vraie place, travailler sur les harmonies en leur donnant plus de sens. Le public arabe écoute davantage les voix alors que le public occidental a plus l’habitude des harmonies et du groove. Nous allons donc jouer davantage ave les harmonies et les changements rythmiques.

 

Vous rendez hommage à l’artiste. Et à la femme qu’elle était aussi ?

Je veux avant tout rendre hommage à l’artiste que j’apprécie. Oum Kalthoum n’était pas une femme engagée. C’était une femme libre. A travers ce répertoire, j’avais envie d’évoquer le statut de la femme à cette époque-là. Parce qu’elle a été beaucoup plus libre qu’aujourd’hui.

 

 

 

  • Vendredi 19 février à 20 heures à la chapelle Corneille à Rouen. Tarifs : de 26 à 15 €. Pour les étudiants : carte Culture. Concert complet.