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Flavien Berger au 106 : « je tiens à cette notion de voyage »

photo Andrea Montana et Marine Peyraud
photo Andrea Montana et Marine Peyraud
photo Andrea Montana et Marine Peyraud

Il y a tout d’abord eu Glitter Gaze et Mars Balnéaire, deux EP dans lesquels Flavien Berger bousculait quelques codes musicaux, les formats et les évidences. Il a poursuivi sa démarche dans son album, Léviathan. C’est une suite de fulgurances, une traversée dans divers univers pop-electro, de douces rêveries. Flavien Berger qui a commencé la musique sur sa Play-Station a intégré la tournée du Fair. Il joue avec Grand Blanc jeudi 31 mars au 106 à Rouen. Interview.

 

Est-ce que cela a été naturel pour vous de passe des jeux vidéo à la musique ?

Oui, complètement. J’étais dans l’exploration. C’est l’esthétique et le thème que j’avais retenu pour l’album. La musique est un grand territoire et le musicien, un nageur de grand fond. Alors, on se balade. Parfois, c’est l’accident et cela crée des situations de création pour fabriquer des sons auxquels on ne s’attendait pas. On fait apparaître des phénomènes sonores.

 

Cela reste une démarche expérimentale ?

C’est un bien grand mot. Cependant, je change toujours mon protocole. Il ne faut jamais se complaire dans ce type d’expérimentation, dans la répétition. On pour s’ouvrir à d’autres outils. Mais on peut aussi garder les mêmes outils, les prendre à l’endroit ou l’envers. Et mes outils, ce ne sont pas tant de nouveaux instruments de musique que de nouvelles technologies. Aujourd’hui, nous vivons dans une époque de synthèse. Nous sommes au paroxysme de la synthèse. C’est hyper intéressant. Cela crée une dynamique créative.

 

 

 

C’est aussi une odyssée, comme votre album ?

Oui, C’est l’histoire d’un parcours. Je pense que la musique se rapproche davantage du voyage temporel. On va arpenter un espace, des zones pour aller vers un ailleurs. Il y a un chemin entre la première seconde et la quinzième d’un titre. Même chose jusqu’à la trentième. Je tiens beaucoup à cette notion de voyage. Je vois un album comme une agence de voyage.

 

Est-ce un voyage solitaire ?

Pas du tout. Les titres sont le fruit d’une collaboration avec le label qui a permis d’ouvrir le spectre de l’auditoire. Quand j’écris la musique, je pense à celui qui l’écoutera. J’ai alors une écoute solitaire. Je me balade avec mes écouteurs sur les oreilles. Après, il faut partager ses sensations avec les autres. En revanche, quand je compose, je suis dans un mode de fabrication assez solitaire.

 

Vous parliez de voyage en évoquant la musique. Est-ce les images sont présentes lorsque vous composez ?

La composition est une espèce de tremplin d’imagination fait par des visions, des images. Devant ma console de jeu, j’imaginais la musique d’un film qui n’existait pas, des scènes. Cela a continué par la suite. Il y a des images aquatiques, des soleils couchants, des surfaces liquides… Elles changent avec le temps.

 

Que voyez-vous aujourd’hui ?

Il y a de nouvelles images qui apparaissent dans ma tête. Elles possèdent d’autres formes. J’essaie de trouver une nouvelle histoire, une nouvelle zone à explorer. Cela va venir avec le temps.

 

Dans vos albums, vous bousculez le format des chansons. Est-ce une question importante pour vous ?

C’est très important. Parfois on écrit une chanson pour qu’elle passe à la radio. Pourquoi pas ? C’est une petite victoire. Mais parfois, il y a des formats longs qui s’imposent. Parce qu’ils sont nécessaires à l’expression de la dynamique du morceau. Il faut laisser la place à la musique, laisser apparaître les phénomènes. Cela se recoupe avec l’idée du voyage. La traversée s’effectue dans une répétition, une litanie, un climat…

 

Quelle est la part d’improvisation dans votre travail ?

Les premiers concerts que j’ai pu faire il y a deux ans étaient de pures créations. Je me mettais en danger. Mais notre instinct de survie fait qu’il est possible de proposer des moments très créatifs. Les accidents sont toujours bénéfiques pour la création. Je crois en l’improvisation. Aujourd’hui, je joue par dessus des plages de musique que je lance. Je me concentre sur la manière de chanter, sur les images… Ces instants sont générés par le public, par son regard, son sourire, son attention ou son inattention. L’improvisation est un aller-retour.

 

  • Jeudi 31 mars à 20 heures au 106 à Rouen. Tarifs : de 22 € à 6 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Concert avec Grand Blanc