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« Così fan tutte » à l’Opéra : une histoire de manipulation

C’est une nouvelle mise en scène de Frédéric Roel, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie. Pour l’ouverture de saison, il a choisi Così fan tutte, une oeuvre de Mozart jouée du 30 septembre au 8 octobre au Théâtre des Arts à Rouen.

 

cosiCosì fan tutte… Elles le font toutes. Il faut comprendre là : toutes les femmes trompent les hommes. C’est Don Alfonso (Laurent Alvaro, imposant) qui le chante dans l’œuvre de Mozart et Da Ponte, jouée du 30 septembre au 8 octobre à l’Opéra de Rouen Normandie par l’orchestre, dirigé par Andreas Spering). Personnage cynique, le vieil homme qui semble venir d’une autre époque, sèment le doute dans la tête de deux jeunes officiers de l’armée, Ferrando (Cyrille Dubois) et Guglielmo (Vincenzo Nizzardo). Leur fiancée, Dorabella (Annalisa Stroppa) et Fiordiligi (Gabrielle Philiponet, pétillante) sont-elles aussi fidèles et innocentes qu’elles veulent bien le montrer ? Aidé par la redoutable Despina (Eduarda Melo), servante des deux sœurs, Don Alfonso concocte alors un plan. Il demande aux deux jeunes hommes de se déguiser en nobles albanais et de séduire Dorabella et Fiordiligi. Il en est certain : les deux femmes succomberont. Le pari est lancé.

 

Così fan tutte est une histoire de manipulations. Les deux sœurs sont manipulées par les deux garçons qui sont, à leur tour, manipulés, par Don Alfonso et Despina. Frédéric Roels, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, met en scène cette fable sur l’amour où se mêlent le romantisme et le désespoir. Il en fait davantage une tragédie qu’une comédie ; comme s’il n’y avait pas d’illusion à avoir sur le bonheur. Il choisit un code couleur vestimentaire comme des points de repères dans cette histoire de tromperie.

 

 

Dans cette création, les personnages se retrouvent dans un salon bourgeois blanc contemporain où règne un vide étouffant, symbole de la vacuité de leur vie. Dorabella et Fiordiligi jouent sur leur téléphone portable, font des emplettes, pensent à leur fiancé respectif et chantent leur amour.

 

Le jeu cruel de Don Alfonso et Despina va venir casser cet équilibre et aussi cet ennui. Tous vont se prendre à ce jeu. Frédéric Roels montre qu’aucun personnage n’est dupe. Une moustache et un travestissement fluo ne suffisent pas pour tromper. Les deux jeunes femmes le comprennent vite, imposent les règles du jeu et se laissent guider par leurs désirs. Si Ferrando et Guglielmo jouent des bad boys, drôlement ridicules, les deux sœurs, légèrement habillées, restent trop sérieuses.

 

A ce jeu, certains vont bien évidemment se brûler les doigts. Surtout lorsque les masques tombent. Don Alfonso a-t-il gagné son pari ? Pas sûr. Les couples vont-ils se reformer ? Frédéric Roels laisse planer le doute.

 

  • Vendredi 30 septembre à 20 heures, dimanche 2 octobre à 16 heures, mardi 4 octobre à 20 heures, jeudi 6 octobre à 20 heures, samedi 8 octobre à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 68 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr