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Création en Normandie : le théâtre de Laëtitia Botella

lys martagonElle est pétillante, drôle, parle très vite, a des tas d’idées en tête. Laëtitia Botella dévore la vie à pleines dents. Comédienne et metteure en scène, cette jeune artiste, née au Havre, joue pour des compagnies régionales et met en scène pour la sienne, Les Nuits Vertes. Cette année, après l’ouverture de saison de la chapelle Saint-Louis, elle présente Affaires imaginaires au Bastringue au Havre et L’Île de Dieu de Motton encore au Havre, puis à Fécamp et à Rouen.

 

Le Havre. Pour prendre des cours de théâtre, Laëtitia Botella a quitté sa ville natale, Le Havre. « Il était évident pour moi qu’il n’était pas possible d’en faire ici et que je devais aller à Paris ». Elle est restée une première année au conservatoire du XVe arrondissement, puis une seconde dans celui du Xe. « C’est chouette mais c’est trop individualiste. J’ai besoin de travailler en troupe ». Direction Rouen où elle intègre le Geicq du centre dramatique régional au théâtre des Deux-Rives. Elle se retrouve avec Marion Delabouglise, Pierre Delmotte, Aure Rodenbour, Johann Abiola et Florent Houdu. Après ce parcours, « j’ai voulu revenir au Havre. En fait, on se construit toujours contre et avec quelque chose. Dans cette ville, il y a une énergie particulière, une force. J’en ai besoin ».

 

Le théâtre, rien que le théâtre. Laëtitia Botella est comédienne et de plus en plus metteure en scène. Actrice au jeu très physique, elle a travaillé avec le Chat foin de Yann Dacosta, Akté d’Anne-Sophie Pauchet. « Aujourd’hui, je préfère être derrière le plateau. Je trouve les comédiens tellement formidables. Et je suis une frustrée de l’écriture. Alors, quand je découvre un texte, j’ai besoin de le faire découvrir. D’autre part, quand je suis sur scène, je suis une comédienne chiante. J’ai toujours envie de donner des idées de mise en scène ».

Laëtitia Botella, grande sportive, est passée du karaté au théâtre. « Je ressentais les mêmes choses qu’en compétition. Il faut aussi une rigueur corporelle. Il y a de la joie, du partage. Et on ne lâche rien ». Elle ne lâchera jamais le théâtre. Elle montera des spectacles au lycée, fondera en 2011 sa compagnie, Les Nuits vertes, et mettra en scène Le Chant du tournesol d’Irina Dalle, joué par Bruno Bayeux et Marion Delabouglise. « Ce fut une joie immense. Je me suis rendue compte que j’étais à ma place ».

 

Une nouvelle création. Après Le Chant du Tournesol, Laëtitia Botella a choisi L’Île de Dieu de Grégory Motton. « Après la première lecture, je me suis dit que ce texte ne pouvait pas être mis en scène. Comme il me bouleverse beaucoup, j’y suis revenu très souvent ». Dans ce roman, l’auteur s’appuie sur la Bible pour évoquer la quête de sens et de spiritualité, la solitude de l’être humain face à lui-même. « Il y a beaucoup d’ironie, d’humour. Même Dieu ne sait pas à quoi il sert. Il est en dépression absolue et devient humain. Grégory Motton interroge ce besoin d’avoir quelqu’un au-dessus de nous. Alors qu’il est nécessaire de se libérer de cette dimension religieuse et de se concentrer sur la force humaine ». Pour cette pièce, programmée au théâtre des Bains-Douches au Havre, au Passage à Fécamp et à la chapelle Saint-Louis à Rouen, Laëtitia Botella a imaginé un vaste chantier, symbole d’un monde en déconfiture.

 

Kafka. Avant cette création, Laëtitia Botella a créé un trio à partir de textes de Kafka. « C’est mon graal, ma Madonna à moi ». Laëtitia Botella a lu tous ses livres. « Le premier a été Le Procès. J’étais très malheureuse lorsque je suis arrivée à la fin. Je ne voulais pas que l’histoire se termine. Du coup, j’ai dû relire au moins quinze fois la fin ». Avec Camille Sénécal, vidéaste, et Pauline Denize, violoniste et chanteuse, Laëtitia Botella rend hommage à Kafka dans Affaires imaginaires, un concert littéraire présenté du 9 au 11 octobre au Bastringue au Havre.

Pour écrire ce spectacle, la comédienne et metteure en scène est allée piocher dans des carnets, des extraits de journaux. « Kafka a aussi écrit beaucoup d’histoires inachevées ». Dans Affaires imaginaires, « j’ai voulu redonner à cette écriture toute sa dimension onirique et poétique, la puissance et la force psychologique. Pour moi, Kafka est un génie absolu ».

 

Affaires imaginaires 

  • Vendredi 9 et samedi 10 octobre à 20 heures, dimanche 11 octobre à 17 heures au Bastringue au Havre. Tarifs : 10 €, 9 €, 8 €. Réservation au 02 76 80 77 27 ou sur www.lebastringue.fr

L’Île de Dieu

  • Mercredi 24, jeudi 25 et vendredi 26 février à 20 heures au théâtre des Bains-Douches au Havre. Tarifs : de 20 à 10 €. Réservation à communication@theatredesbainsdouches.fr
  • Mardi 1er et mercredi 2 mars à 20h30 au Passage à Fécamp. Tarifs : de 16 à 8 €. Réservation au 02 35 29 22 81 ou sur www.theatrelepassage.fr
  • Mercredi 30 et jeudi 31 mars, vendredi 1er avril à 19h30 à la chapelle Saint-Louis à Rouen. Tarifs : de 15 à 5 €. Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.chapellesaintlouis.com