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La culture osage au muséum d’histoire naturelle à Rouen

Après l’Océanie, l’Asie, et avant l’Afrique, voilà l’Amérique. La galerie des continents ne cesse de s’étendre au muséum d’histoire naturelle de Rouen. D’un côté, il y a les Kayapo, peuple du sud, de l’autre, les Osage, indiens de l’Amérique du nord, dont fait partie Joe Don Brave.

C’est un peuple de forts guerriers qui vient des étoiles. Les Osage se sont installés sur terre dans le nord-est de l’Amérique, près des grands lacs dans la vallée de l’Ohio. Ils sont restés entre 400 et 500 ans sur cet immense territoire. Jusqu’à ce que Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis, organise la déportation des Osage vers le Kansas dans une réserve. Une terre qui s’est avérée très fertile, donc très convoitée. Même scénario : l’État a voulu les faire partir. Or les Osage, en bons négociateurs, sont parvenus à acheter une partie du territoire Cherokee dont personne ne voulait. Plus tard, on y a trouvé du pétrole.

Les Osage sont devenus un peuple riche mais longtemps exploité. Ils ont subi le régime de la terreur avec une forte incitation au mariage mixte. Or, après les unions, les maris ou femmes osages décédaient dans des circonstances étranges. L’héritage, plus fort que l’amour… Les enfants osages étaient à partir du début du XIOXe siècle enlevés à leur famille pour « les civiliser. C’est une génération sacrifiée qui ne parlait plus la langue. On leur coupait les cheveux et changeait leurs vêtements ».

Joe Don Brave, indien de Pawhuska dans l’Oklahoma, a bien en tête l’histoire de son peuple. Celle de sa famille aussi. Il est issu du peuple du ciel chez les Osage, du clan des porteurs du soleil, « les responsables de l’ordre du monde ». Son grand-père, avec un prénom signifiant Jamais Vaincu, est toujours admiré, notamment pour ses longs discours. Comme son père, il est devenu peintre. « J’ai appris les couleurs avec lui. Je suis ensuite allé pendant deux ans à l’institut d’art amérindien à Santa Fe ». Joe Don Brave a exposé au Grand Palais à Paris il y a cinq ans. A Rouen, il a réinterpété les collections du muséum d’histoire naturelle et réalisé les peintures murales.

« Quand je suis arrivé, je ne savais pas ce que j’allais faire. J’ai représenté les symboles de la vie : le soleil, le bison, le guerrier qui protège la terre et qui gagne des tatouages en fonction des bonnes chasses. Il y a aussi l’aigle, oiseau sacré qui porte les prières vers les étoiles ». De grandes fresques qui deviennent les décors de vitrines présentant des pipes, des couteaux, des flèches, des oiseaux empaillés d’Amérique du Nord dont quatre rangés dans la case espèces éteintes. Il y a également la robe de danse en daim, ornée de clochettes, offerte par Kathryn Redcorn, conservatrice du musée tribal et représentante de la communauté osage.

La galerie des continents du muséum d’histoire naturelle s’étend avec l’Amérique avec les collections provenant du sud avec les Kayapo et du nord avec les Osage, un peuple qui entretient des liens étroits avec la France depuis le XVIIIe siècle. Aujourd’hui, les Osage sont environ 10 000. Ils sont leur gouvernement avec un chef principal. Comme les réserves de pétrole diminuent, ils se tournent vers l’extraction de pétrole de roche. Ce qui provoque « des tremblements de terre. Enfant, il n’y en avait jamais sur cette terre ». Autres ressources : le gaz naturel, les sept casinos et la production d’électricité par éoliennes. « Cela engendre des problèmes. Pour installer les éoliennes, il faut creuser. Ces travaux profanes des sépultures qui ne sont pas répertoriées. Les pales découpent des aigles, une espèce très protégée chez nous ». Néanmoins, les Osages s’emparent à nouveau des traditions, de leur langue. Ils ont inventé il y a dix ans un alphabet pour écrire leur histoire, leurs traditions, leur culture jusqu’alors orale.

  • Le muséum d’histoire naturelle à Rouen est ouvert tous les jours du mardi au samedi de 13h30 à 17h30 et le dimanche de 14 heures à 18 heures. Entrée libre et gratuite. Renseignements au 02 35 71 41 50 ou sur www.museumderouen.fr