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Danse à DSN : se faire peur avec les fantômes de La BaZooKa

"Pillowgraphies" Photo : Nora Houguenade

C’est un ballet pour sept fantômes phosphorescents. Pillowgraphies est une pièce chorégraphique de La BaZooKa. La compagnie havraise joue dans cette nouvelle création avec une figure fantasmagorique placée dans un univers en noir et blanc. Ces sept personnages créent une petite communauté malicieuse, s’amusent comme peuvent le faire les enfants dans une cour de récréation. Pillowgraphies, c’est un jeu pour se faire peur. Comme toujours avec La BaZooKa, tout se termine dans un grand éclat de rire. La pièce se crée mercredi 8 novembre à la scène nationale de Dieppe avant une tournée à l’Arsenal à Val-de-Reuil, au Volcan au Havre et à l’espace culturel de la Pointe de Caux à Gonfreville-l’Orcher. Entretien avec Sarah Crépin et Etienne Cuppens, les fondateurs de La BaZooKa.

Est-ce que vous croyez au fantôme ?

Sarah Crépin : non mais je peux croire en ce que l’on ne voit pas. Je pense qu’il y a des courants invisibles, des phénomènes, des petites voix qui nous soufflent des choses. Moi, j’y crois.

Etienne Cuppens : Je ne crois en rien mais j’aime les personnes qui croient en quelque chose. Nous sommes allés au Cambodge. Les habitants pensent qu’il y a des fantômes dans les maisons, les fantômes des personnes qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Quand j’ai appris cela, j’ai été très touché. J’aime cette idée, notamment celle des enfants qui se donnent le plaisir et la liberté de croire aux fantômes.

Enfant, vous y croyiez ?

Etienne Cuppens : c’était surtout un jeu. Un fantôme doit faire peur et on joue avec cela.

Sarah Crépin : Cela devait être un jeu. Se mettre un drap sur la tête, c’est absurde mais c’est chouette. On pense avoir des pouvoirs. On peut voler et faire peur.

Comment est apparue cette idée de fantôme ?

Sarah Crépin : nous étions en train d’animer un atelier. Nous avons travaillé avec un oreiller avec cette matière assez contrastée, moelleuse, aérienne, élastique. De fil en aiguille est venue l’idée d’un univers nocturne. Là, la figure du fantôme s’est imposée. Il est rare chez nous de commencer un projet avec une idée précise. Nous partons d’une graine et nous la laissons s’épanouir. Nous laissons toujours à une idée de se développer et de nous emmener vers un endroit inattendu.

Porter un drap est une contrainte forte pour des danseurs. Comment l’avez-vous appréhendé ?

Sarah Crépin : il a fallu apprivoiser le drap et cela n’a pas été facile. Dessous, on ne voir rien et on respire mal. Il y a beaucoup de mouvements que nous ne pouvons pas reproduire. Le fait d’être caché suscite une curiosité, donne envie de jouer, provoque une excitation. En résumé : je suis cachée pour mieux réapparaître.

Etienne Cuppens : porter un drap sur la tête pose des questions. Dans le groupe, tout le monde est identique. Cela crée une communauté et interroge la notion de groupe, celle de l’individu dans ce groupe. Cette question-là nous passionne. Comment s’identifier à un groupe ? Comment se projeter en tant qu’individu qui se cache au milieu d’autres ?

Est-ce que ces personnages sont semblables ou ont des caractères forts ?

Etienne Cuppens : Chacun a son individualité. Et c’est perceptible sur le plateau. Entre les personnages, il y a des ébauches d’échanges. Comme dans une cour de récréation. Des liens se font et de détricote. C’est très vivant. C’est l’air qui commande le temps.

Quelle est l’histoire de Pillowgraphies ?

Etienne Cuppens : il n’y a pas d’histoire. Nous sommes plus sur un système d’aller-retour poétique. Qu’est-ce que ces fantômes ont le droit de faire ? Qu’est-ce qu’ils se donnent le droit de faire. Il y a peut-être une ébauche d’histoire possible mais c’est moins clair que dans Queen Kong. Nous sommes davantage dans un ballet.

Vous avez travaillé sur un univers contrasté en noir et blanc. C’est très rare chez La BaZooKa.

Sarah Crépin : Le théâtre est plongé dans le noir. Les fantômes sont quasiment phosphorescents. Tout fonctionne sur de simples principes de magie. C’est vraiment une pièce en noir et blanc. C’est chouette d’être dans une radicalité. Pour cette pièce, cela s’est imposé. Il manque peut-être un peu de rouge.

 

 

 

Les dates

  • Mercredi 8 novembre à 19 heures à la scène nationale de Dieppe. Tarif : 5 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation
  • Mercredi 22 novembre à 20 heures à l’Arsenal à Val-de-Reuil. Tarifs : de 15 à 5 €. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr
  • Mercredi 20 décembre à 19h30 au Volcan au Havre. Tarif : 5 €. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Vendredi 25 mai à 20h30 à l’espace culturel de la Pointe de Caux à Gondreville-l’Orcher. Tarifs : de 9 à 2,25 €. Réservation au 02 35 13 16 54 ou sur http://culture.gonfreville-l-orcher.fr
  • Spectacle tout public à partir de 6 ans