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Danse au CDN : Florent Mahoukou vide son sac

Il a vécu l’horreur. Dans Sac au dos, Florent Mahoukou, rescapé de la guerre civile revient sur un épisode tragique de sa vie et de son pays, le Congo Brazzaville. Il présente Sac au dos du 28 au 30 janvier au Rexy à Mont-Saint-Aignan.

 

photo Eric Legrand
photo Eric Legrand

Dans son sac, il y a quelques vêtements, des papiers, une brosse à dents, un tube de dentifrice, un savon, un gant… Le sac est prêt, toujours prêt au cas où il faudrait fuir. Depuis décembre 1998, Florent Mahoukou a appris à vivre avec ce sac rempli aussi de souvenirs, les plus douloureux, des blessures intérieures qui ne pourront jamais cicatriser.

 

Le danseur congolais qui a travaillé avec David Bobée dans Nos Enfants nous font peur quand on les croise dans la rue, reste silencieux sur l’épisode vécu le 20 décembre 1998 à 12 heures, une date et une heure qu’il rappelle dans sa création, Sac au dos. Il évoque seulement le contexte politique. Il y a 17 ans, le coup d’état de Sassou Nguesso est déguisé, pour préserver des intérêts économiques, en guerre civile. A Brazzaville, les affrontements sont d’une extrême violence. Florent Mahoukou échappe à la mort et part se réfugier à Pointe Noire dans le nord. Pour lui, « c’est 17 ans de vadrouille ».

 

Dans un silence assourdissant, la communauté internationale ne veut rien voir, rien entendre. Sur les écrans de Sac au dos, il n’y a rien à voir, rien à entendre non plus. Ce sont juste une source lumineuse que le danseur utilise pour des jeux d’ombre chinoise, souvenirs de personnes disparues lors des massacres.

 

Dans Sac au dos, la danse est politique, le geste, libérateur et la parole, un coup de poing. Pour Florent Mahoukou, « il faut que le monde puisse savoir ». Le voilà comme « un sombre éclaireur d’une génération sacrifiée » à porter ce sac comme un fardeau, cette mémoire, à exprimer l’indécence d’être encore en vie. « Je confesse que je danse », répète-t-il dans Sac au dos. « Je confesse parce que je suis chanceux. Mais je suis plutôt le maudit qui va venir raconter cette histoire », la fuite, la douleur, la colère.

 

  • Mercredi 28, jeudi 29 et vendredi 30 janvier à 20 heures au Rexy à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : 14 €, 9 €. Réservation au CDN de Haute-Normandie au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
  • Du 9 au 27 mars : My Brazza de Florent Mahoukou dans les établissements scolaires.