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Danse au CDN : en lutte avec Salia Sanou

photo Marc Coudrais
photo Marc Coudrais
photo Marc Coudrais

Devant un immense mur de gros coussins rouges, Salia Sanou confronte trois danseurs et cinq lutteurs. Sur la musique d’Emmanuel Djob, interprétée en live, ce groupe raconte la lutte, ce sport tant prisé qu’a pratiqué le chorégraphe burkinabé. Clameur des arènes n’est pas un spectacle seulement pour mettre à l’honneur cette pratique très répandue en Afrique mais surtout pour évoquer le combat quotidien mené par les Africains qui traversent des crises économiques et politiques. Les huit interprètes se lancent ainsi dans une danse puissante portant les valeurs de la liberté. Clameur des arènes est présenté jeudi 19 et vendredi 20 novembre au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly.

 

Que symbolise la lutte dans votre pays ?

Culturellement, c’est très fort. La lutte symbolise l’union, le vivre ensemble. Lorsque l’on pratique ce sport, on apprend à se connaître, à se reconnaître, à se respecter. Que l’on soit vainqueur ou vaincu, on doit rester dans la dignité. Aujourd’hui, on peut être le vainqueur mais, demain, on peut être le vaincu. Dans mon pays, c’est un sport de combat qui remplit les stades de 40 000 places, un véritable business.

 

Quel est le point commun entre la lutte et la danse ?

La danse, comme la lutte, sont un art de contact. Pour moi, la danse, c’est de la lutte et la lutte, c’est de la danse. Elles sont ouvertes à toutes les formes corporelles. Il y a des corps à corps, des chutes, des portées… On s’appuie sur des mouvements. On suit tout un processus, un rituel. La frontière est très floue entre les deux.

 

Pourquoi considérez-vous la danse comme un combat ?

La danse est un combat de tous les jours pour celui qui la pratique de manière professionnelle. Il faut être à la hauteur pour pouvoir gagner sa vie. Il faut déterminer son espace, écrire sa danse. Comme tout métier, c’est le combat d’une vie.

 

Est-ce aussi un combat pour la liberté ?

Oui, tout à fait, c’est un combat pour la liberté d’expression. Encore et toujours en Afrique où la position de l’artiste est malmenée à cause de ce terrorisme galopant. Il faut se battre.

 

Est-ce que vous avez des souvenirs de ces clameurs venant des stades ?

Oui, quand j’étais jeune, j’entends ces bruits dans la nuit, ces clameurs venant de très loin. J’ai en moi ces souvenirs et ces sensations. C’est cela que j’ai voulu amener sur scène : l’émotion, le ressenti, le voyage et non pas le spectaculaire. Même si la danse reste puissante.

 

Pourquoi cette couleur rouge ?

Elle est venue lors de notre travail de création. Elle s’est même imposée à un moment. Le rouge évoque le combat, la résistance.

 

 

 

  • Jeudi 19 et vendredi 20 novembre à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 18 €, 13 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr