/

Danse au CDN : vivez un « Sacré Printemps ! »

Les chorégraphes tunisiens, Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, racontent les changements d’une société, les révolutions fragiles. Avec leur compagnie Chatha, ils présentent du 19 au 21 mai Sacré Printemps ! au CDN de Haute-Normandie

 

photo Blandine Soulage
photo Blandine Soulage

Sacré Printemps !… Seulement deux mots mais de nombreuses interprétations. Pour les chorégraphes, il y a bien évidemment une référence au Sacre du printemps de Stravinsky. Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou assument le lien uniquement pour l’électrochoc et les émotions qu’a produits la pièce de Nijinski en 1913. « Ce n’est pas notre terreau, notre culture musicale ».

 

Avec Sacré Printemps !, les deux chorégraphes tunisiens, installés à Lyon depuis 2006, prennent la parole pour raconter leur printemps. « Nous nous devions de nous positionner. Nous avons la légitimité pour le faire. Nous maîtrisons les codes, nous avons la capacité d’interpréter. Nous sommes tous impliqués dans ces événements. Comme en Libye, en Syrie, en Irak aujourd’hui. Nos familles, nos amis ont traversé ça.  Nous aussi mais de manière différente. Dans notre parcours, nous le devions ».

 

 

Pour cette nouvelle création, Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou ont travaillé pour la première à partir d’une partition musicale écrite par Eric Aldéa et Ivan Chiossone, interprétée par Sonia M’Barek. Un cadre dans lequel ils ont élaboré une dramaturgie. « Cette musique a fait office d’autorité. C’est la règle du jeu qui s’est imposée à tout le monde. Quand s’écrivait la musique, la Tunisie essayait d’écrire sa constitution. Le pays ne pouvait se définir un projet commun, aller au delà des égos. Nous sommes donc partis sur cette trame en nous demandant ce que nous pourrions faire pour cohabiter, ce que nous refuserions dans ce cadre, comment chacun pourrait évoluer en fonction de sa personnalité ».

 

Pour Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, cette pièce a été l’occasion d’utiliser un nouveau vocabulaire chorégraphique. Dans Sacré Printemps !, l’écriture des deux chorégraphes est centrée sur les corps. Des corps qui peuvent paraître hésitants, tendus, comme une situation politique, et qui s’affranchissent ensuite de toute contrainte, s’indignent, résistent, s’abandonnent, savourent la liberté. Ils sont dans une urgence, dans ce Printemps qui doit donner un élan et un espoir, faire rêver.

 

Les interprètes de Sacré Printemps ! évoluent entre 32 silhouettes dessinées en noir et blanc par Dominique Simon. Comme un hommage à Billal Berreni, artiste de street art mort en 2013 à Détroit aux Etats-Unis, qui avait représenté des anonymes disparus lors de la Révolution de Jasmin.

 

 

  • Mardi 19, mercredi 20 et jeudi 21 mai à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 14 €, 9 €. Réservation au 03 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
  • Mardi 19 mai à l’issue de la représentation : débat sur La Tunisie, laboratoire du monde entre Amira Chebli, artiste tunisienne, Jean-Phillipe Bras, universitaire, Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek, metteurs en scène de Sacré Printemps !, Foued Laroussi, président de l’association Normandie Tunisie Solidarité, et Jacques Blanc, modérateur.
  • Mercredi 20 mai : rencontre avec l’équipe artistique traduite en langue des signes après le spectacle.