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Danse : L’enfance de Dorothée Munyaneza au Rwanda

photo Laura Fouquère

Samedi Détente, c’était l’émission de radio qu’écoutait Dorothée Munyaneza lorsqu’a commencé le génocide au Rwanda. C’est le titre de sa première création qu’elle présente mardi 18 octobre au CDN de Normandie Rouen avec la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan. Un spectacle pour se souvenir et savourer la vie.

 

photo Laura Fouquère
photo Laura Fouquère

Pour Dorothée Munyaneza, il y a un avant et un après 6 avril 1994. Ce jour-là était abattu l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana et commençait le génocide. « Tout a basculé pour le peuple rwandais et tutsi ». Danseuse et chanteuse, Dorothée Munyaneza a passé son enfance jusqu’à 11 ans au Rwanda. Elle est aujourd’hui de nationalité britannique et vit à Marseille. Elle veut se souvenir. Elle veut partager cette vie là-bas. « Il y a un devoir de mémoire. En même temps, j’ai eu un enfant. Le fait de mettre au monde un être humain a révélé des envies de léguer quelque chose. Je veux qu’il sache ce que le peuple rwandais a vécu. C’est un sujet délicat, sensible, douloureux. L’accouchement de cet enfant m’a donné le courage d’accoucher ce projet ».

 

Il en a donc fallu du courage pour écrire cette histoire toute seule. « J’avais surtout peur que les gens ne me comprennent pas ». Et cette histoire, ce sont « des tiroirs dans des tiroirs dans des tiroirs… J’ai commencé à retourner une terre qui n’a pas été labourée depuis longtemps. Parfois, cela a été facile. Parfois, je devais laisser reposer. Je parlais avec mes parents, ma grande sœur. Je devais me confronter aux souvenirs des autres. Je n’ai pas vécu cela toute seule et je ne veux pas provoquer de douleurs. Moi, j’ai la scène pour exorciser tout cela ».

 

Dorothée Munyaneza raconte son enfance dans Samedi Détente qu’elle présente mardi 18 octobre à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan. « Je vais jusqu’au 4 juillet 1994 qui marque la fin du génocide avec la prise de Kigali. Même si nous savons que les massacres ont encore continué ». Sur scène avec Nadia Beugré, danseuse, Alain Mahé, musicien, Dorothée Munyaneza revient sur des faits marquants de son histoire personnelle et sur ce moment durant lequel elle écoutait Samedi Détente, l’émission radiophonique. « Elle était destinée à une génération plus âgée que la mienne. Mais je tendais quand même l’oreille. Je voulais entendre des hits qui venaient des Etats-Unis, de France, de Belgique, du Congo. Le lundi, on passait le temps de la récré à rechanter ou à mettre en scène les chansons que l’on avait écoutées ».

 

Samedi Détente marque des jours heureux, des moments d’insouciance et aussi le souvenir de toutes les personnes disparues à travers le chant et la danse. C’est la première création d’une artiste repérée par François Verret, Mark Tompkins, Robyn Orlin, Alain Buffard et Rachid Ouramdane. Dans Samedi Détente, il y a la voix et aussi la danse, « une extension de la voix. Quand la voix ne peut plus rien dire, que peut raconter le corps ? Il est vecteur et porteur de mémoire ». Il y a aussi la joie, la douleur et la rage.

 

 

 

 

  • Mardi 18 octobre à 20 heures à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : 14 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-normandierouen.fr