Dédicace à Rouen : Donald Ray Pollock à l’Armitière

photo Patsy Pollock

L’Américain Donald Ray Pollock est en visite mardi 4 octobre à l’Armitière à Rouen pour son nouveau livre, Une mort qui en vaut la peine (Albin Michel). Petite galerie de (cruels) portraits.

 

photo Patsy Pollock
photo Patsy Pollock

On se souvient du roman Le Diable tout le temps qui démolissait le mythe de l’Amérique triomphante et qui avait valu à Pollock le salut de la critique ; particulièrement en France. (Prix du meilleur livre du magazine Lire en 2012). L’auteur revient avec un nouveau roman noir qui démarre en 1917, entre Alabama et Géorgie. Le lecteur est cette fois invité à suivre deux histoires parallèles, celle d’un couple d’agriculteurs qui cherche son fils subitement disparu et celle de trois frères qui vont trouver leur voie hors de la loi après le décès de leur père.

 

Cette Amérique-là, c’est celle de la misère et l’auteur d’Une mort qui en vaut la peine va s’en donner à cœur joie pour nous faire rencontrer ces Américains de tous poils, affreux, sales et méchants. Ou simplement bêtes à manger du foin. Et très majoritairement des hommes… « Il était convaincu que les parents qui ne flanquaient pas au moins une fois par semaine une rouste mémorable à leur progéniture rendaient un bien mauvais service au monde et il était aujourd’hui reconnaissant à son père d’avoir suivi ce précepte. Certes, cela avait été douloureux sur le coup mais, sans le ceinturon paternel, Zimmermann se dit qu’il aurait pu finir comme cet insupportable pleurnicheur de Crank ou – Dieu l’en préserve ! – comme ce débile de Ballard avec sa grande gueule. »

 

Le récit est truffé d’anecdotes et de péripéties tragi-comiques pour lesquelles Pollock développe un talent de conteur éminemment productif. Un style distancié qui n’efface pas la noirceur du propos. « L’unique fois de sa vie où quelqu’un avait osé le voler, le major avait fait payer à une bande de mulâtres la faute d’un seul des leurs. Il avait tué tous les mâles de la famille, mais ensuite sa lubricité avait repris le dessus et, pendant qu’il tringlait la plus jolie des poulettes, les trois autres s’étaient enfuies de la cabane dans laquelle il les avaient enfermées. Ce n’est qu’après en avoir fini avec elle qu’il s’était rendu compte qu’il aurait dû d’abord contraindre les hommes à creuser eux-mêmes leur tombe. Guère habitué à travailler dur, il lui avait fallu deux jours pour recouvrir tous ces négros, sans compter qu’entre les essaims de mouches et la puanteur, il y avait vraiment de quoi devenir fou. » Pollock tient le lecteur contre vents et marées dans un récit pourtant long et dense.

 

Hervé Debruyne

 

  • Mardi 4 octobre à 18 heures à l’Armitière à Rouen. Entrée libre.