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Dédicace à Rouen : rencontre avec Alice Zeniter

photo Astrid di Crollalanza

A L’Armitière à Rouen, c’est encore la rentrée littéraire. Mardi 6 octobre, Alice Zeniter est invitée pour son excellent Juste avant l’oubli.

 

photo Astrid di Crollalanza
photo Astrid di Crollalanza

Allez, rien que pour le titre, vous avez déjà envie de feuilleter… Juste avant l’oubli a en lui une élégante promesse, celle d’une souffrance teintée de fatalité. Et des fois, on aime se faire mal… Mais, en fait, il serait dommage de se limiter à cette impression. Certes, il est question d’une histoire d’amour ; une histoire qui aurait pu, aurait dû être simple. Mais une autre aventure, plus malicieuse, vient se glisser presque clandestinement dans le roman, grâce à une idée amusante : intégrer dans le récit l’impact d’un club d’admirateurs d’un auteur à succès.

 

Pour l’occasion, Alice Zeniter invente Galwin Donnell, auteur de polars mystérieusement disparu sur une île désolée des Hébrides en pleine gloire. Tellement unique, le Donnell, qu’Emilie – l’héroïne – lui consacre sa thèse et organise des journées d’études sur la fameuse île avec tout un aréopage de savantes sommités. Un auteur imaginaire dans la pure tradition des écrivains maudits que l’auteure prend néanmoins le temps et le soin de citer abondamment. Pour le plus grand plaisir du lecteur.

 

Sur place, Franck, l’amoureux transi d’Emilie, va découvrir les limites de la passion et rencontrer de pittoresques personnages. Et là, Alice Zeniter se régale à nous décrire un milieu universitaire pédant et surfait où le respect de l’entre-soi est un préalable. Et le lecteur se régale parce que la barque n’est pas chargée et le style est simplement éblouissant. « De loin, quand on l’embrassait du regard, elle [l’île de Mirhalay] se montrait à la fois menaçante et minuscule, comme une maquette d’elle-même construite pour un film de pirates puis oubliée là. Son histoire était une longue succession d’oublis. D’habitants partis qui oubliaient de revenir. On avait fait trop de fois à Mirhalay le coup du paquet de cigarettes. »

 

La lauréate du Prix du livre Inter 2013 (Sombre dimancheAlbin Michel) emmène le lecteur entre profondeur et ironie mais c’est l’attachement pour les personnages qui subsiste, deux flammes dans la tempête qui tentent d’éclairer maladroitement le chemin de l’amour.

 

H.D.

 

  • Rencontre avec Alice Zeniter, mardi 6 octobre à 18 heures à L’Armitière à Rouen. Entrée libre