Dédicace : Benoît Duteurtre à La Galerne

photo Catherine Hélie

Benoît Duteurtre présente Livre pour adultes à la Galerne au Havre mercredi 9 novembre. Retour sur ses terres natales pour un roman intime.

 

photo Catherine Hélie
photo Catherine Hélie

C’est en faisant un parallèle entre le film de George Romero La Nuit des morts-vivants et la maison médicalisée où il retrouvait sa mère que Benoît Duteurtre ouvre son roman. Mine de rien, une petite intro qui donne le ton. C’est d’ailleurs elle, sa mère, que l’on suit plus ou moins le long de ce roman, Livre pour adultes. Plus ou moins, car l’auteur, présent mercredi 9 novembre à La Galerne, glisse au milieu de ses confidences sur sa propre vie quelques fables qui ont beaucoup moins de chances d’être autobiographiques.

 

S’il fallait trouver un fil rouge à ce Livre pour adultes, ce serait en fait plutôt la nostalgie. Un sentiment déjà répandu dans quelques ouvrages de l’auteur havrais qui a déjà dénoncé l’emprise aveugle – et les ravages – de la modernité sur nos vies. Benoît Duteurtre l’avoue d’ailleurs vers la fin du livre : « La nostalgie est un fruit délicieux. La lenteur des changements préserve toujours, ici ou là, quelques traces vivantes de ce qu’on a aimé ; traces qui prennent alors d’autant plus de prix, telles ces maisons perdues où, parfois, j’ai le bonheur de retrouver un dernier grenier à foin, une dernière étable. Une dernière étable n’est pas admirable en soi, mais la dernière étable revêt une beauté fragile. »

 

Mais s’il arrivait à en rire dans Service clientèle ou La petite fille et la cigarette, ici, ce n’est pas tout à fait la même limonade. Le second degré est plus rare et le discours plus grave. Sans doute parce que l’auteur se raconte au plus près, du Havre à Etretat, de Paris aux Vosges… L’évocation de sa mère est d’ailleurs l’occasion d’une analyse radicale sur l’existence : « (…) les vivants s’apitoient sur les morts comme si leur condition était différente. La compassion dans sa supériorité, marque un avantage très relatif, car le spectacle qui nous afflige est celui de notre propre destin. » Et Benoît Duteurtre pousse même un peu plus loin la réflexion : « On pourrait (…) se demander si se reproduire est vraiment une bonne action, quand on sait ce qui attend les enfants dans ce monde surpeuplé. Un certain degré de maturité intellectuelle devrait nous affranchir de cette aveugle nécessité. »

 

Alors, Livre pour adultes, ce titre au parfum suranné, on peut le comprendre comme une mise en garde à l’encontre du jeune public. On aurait pu dire : à ne pas mettre entre toutes les mains ; comme pour éviter que des yeux innocents ne viennent se brûler la rétine sur des considérations par trop pessimistes. Mais quand il va vers la fiction, Benoît Duteurtre retrouve plus d’espièglerie. Quelques petites nouvelles qui pourraient vivre leur vie seules et qui viennent comme des parenthèses. Beaucoup moins « pour adultes »…

 

Hervé Debruyne

 

  • Rencontre avec Benoît Duteurtre, mercredi 9 novembre à 18 heures à la Galerne au Havre. Entrée libre.