Douglas Kennedy : « la vie est un grand jeu de risque »

photo Coupannec Leemage
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Au sommaire, on en trouve sept. Sept Grandes Questions sans réponse, telles que « le bonheur est-il un instant fugace ? » ; « sommes-nous des victimes ou des artisans de notre propre malheur ? » ; « pourquoi le pardon est-il (hélas !) l’unique solution ? »… Pour chaque question, Douglas Kennedy revient sur des épisodes de sa vie ou de la vie de personnes proches ; y compris des choses très personnelles voire intimes qui ont trait à ses rapports avec ses parents, ses amours, la santé de ses enfants. Pas un roman, donc. Même si beaucoup de passages en sont dignes… Douglas Kennedy est à la bibliothèque Simone-de-Beauvoir à Rouen mercredi 19 octobre. Entretien.

 

Comment vous est venue l’idée d’écrire sur ces « grandes questions » ?

Il y a trois ans de cela, j’ai pensé que j’aurais bientôt 60 ans. C’était après mon divorce, aussi. Je me suis dit en parlant avec une amie – française, d’ailleurs – qu’on a toujours tendance à se poser des questions sur des thèmes universels. Or, avec ce que j’ai vécu, peut-être ai-je quelques éléments à apporter. Ce sont des choses très intimes mais très importantes. Et que sans doute tout le monde vit ! Peut-être, en lisant mon livre, des lecteurs vont se dire : « Oh, mon Dieu ! Mais c’est moi ! »

 

C’est que vous menez une vie mouvementée ; d’où de multiples expériences…

Oui, je bouge tout le temps. C’est ma vie et j’adore ça ! J’ai même dit « Au revoir ! » à une femme qui voulait trop se « poser » ! Je suis toujours américain malgré tout mais je vis 3 mois par an en France et j’ai un pied-à-terre en Allemagne et un autre à Londres…

 

N’est-ce pas compliqué de vivre de cette manière ?

Croyez-moi : tout est supportable avec un billet aller-retour… ! Il faut juste trouver un bon équilibre. Et je pense que cela change beaucoup mes points de vue, le jugement que je peux avoir sur les choses.

 

Le hasard a une grande place dans votre livre. Et donc dans votre vie personnelle…

Le hasard est partout dans la vie, tout le temps. Par exemple, quand je raconte ma descente à ski dans le livre. Il y a un instant où je peux mourir. Cela tient à presque rien… Récemment, je déjeunais avec une amie et j’ai appris qu’elle avait le cancer. Tout bascule ! C’est comme quand nous avons appris que mon fils était autiste… Il y a des gens qui pensent qu’ils vont pouvoir changer leur vie parce qu’ils le veulent. C’est très américain, ça… Mais la réalité est complètement différente. Conclusion : la vie est un grand jeu de risque. Il faut l’accepter. Vous savez, mon expression favorite en français, c’est : « On verra ! »

 

Pour écrire un tel livre, c’est ce que vous êtes devenu un grand sage ?

Non, je ne suis pas un grand sage. Mais mes romans sont très accessibles et je raconte des histoires authentiques. Je m’aperçois que je n’écris pas pour moi-même, en fait…

 

Propos recueillis par Hervé Debruyne

 

  • Rencontre avec Douglas Kennedy, mercredi 19 octobre 2016 à 18 hures (signature à 19 heures), à la bibliothèque Simone-de-Beauvoir à Rouen. Gratuit, sur inscription au 02 76 08 80 88.