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En trompe-l’œil

photo Benoite Fanton
photo Benoite Fanton

C’est une première : Mourad Merzouki confronte sa danse à l’image. Pour cela, il a fallu une rencontre entre le chorégraphe et fondateur de Käfig et les artistes numériques de la compagnie Adrien M/Claire B. Depuis plusieurs années, Adrien Mondot et Claire Bardainne développent un univers graphique fait d’illusions optiques, de projections lumineuses. Mourad Merzouki qui poursuit cette quête du mouvement place les danseurs dans un espace mouvant à trois dimensions. Pixel, une pièce pour danseurs et circassiens présentée du 27 au 29 novembre au cirque-théâtre à Elbeuf dans le cadre d’Automne en Normandie se situe à la frontière du réel et du virtuel. Entretien avec le directeur du centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne.

 

Avez-vous l’impression d’être envahi par les images ?

Je ne sais pas. Je n’y pensais pas trop avant l’écriture de ce spectacle. Dans notre société, l’image fait partie de notre quotidien. Elle est présente sur nos téléphones, sur nos ordinateurs… Elles prennent tellement de place dans nos vies que l’on ne fait plus attention.

 

Est-ce vous vous êtes déjà senti agressé par une image ?

Je me sens surtout agressé sur les réseaux sociaux. On voit des choses incroyables sur notre monde. Il m’est en effet déjà arrivé d’être déstabilisé, choqué par ce que je voyais.

 

Et par l’actualité aussi ?

Oui aussi par tout ce qui se passe à travers le monde. Aujourd’hui, il est possible de capter une réalité et de la diffuser en un clic. Là, on peut vraiment se sentir agressé.

 

Quelles images vous émerveillent ?

Il y a des images qui m’émerveillent et qui me font rêver dans la danse, dans l’art en général. Elles sont très puissantes, interrogent l’art dans sa globalité et ont un impact fort.

 

 

 

Pourquoi avez-vous boudé l’art numérique jusqu’à présent ?

Je ne suis pas un grand connaisseur en informatique, en technologie. J’utilise mon ordinateur pour aller sur Internet, sur les réseaux sociaux, pour lire mes mails. Dans mon travail, mes rencontres se situaient ailleurs. En 2004, j’ai utilisé un peu la vidéo mais cela n’a pas été une expérience facile. Pixel a été possible grâce à la rencontre avec Adrien Mondot et Claire Bardainne. Il y a eu le désir d’un projet, d’une création.

 

Comment avez-vous appréhendé le mouvement pour écrire cette pièce ?

La vidéo qui est projetée m’a amené dans un espace nouveau, à trois dimensions. L’image transforme cet espace et me contraint de réagir différemment. La difficulté a été la maîtrise du timing parce que le temps pour le danseur n’est pas le même. Il a fallu prendre en compte les lumières. Tout cela a été l’objet de débat pour trouver le bon équilibre. D’autant que je ne voulais pas rester dans le côté froid de l’image, dans le noir et le blanc. Il me manquait un peu de chaleur pour créer un contraste.

 

Est-ce que Pixel est un dialogue entre danse et image ?

C’est un vrai dialogue. L’image apporte à la danse et la danse apporte à l’image. Le danseur accompagne l’image et les projections lumineuses accompagnent le mouvement.

 

  • Jeudi 27 novembre à 19h30, vendredi 28 et samedi 29 novembre à 20h30, dimanche 30 novembre à 15 heures au cirque-théâtre à Elbeuf. Tarifs : de 28 à 8 €. Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquetheatre-elbeuf.com
  • Spectacle tout public à partir de 8 ans