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Flannan Obé : « Avec le comique, on est sur un chemin de crête »

photo Marie-Clémence David

C’est aussi loufoque que sanglant. Florence Andrieu et Flannan Obé se sont imaginé une histoire pour eux. Ils ont choisi une trame certes classique dans Le Crime de l’orpheline qu’ils jouent mardi 6 février au centre Voltaire à Déville-lès-Rouen. Une jeune femme, Joséphine, orpheline et pauvre, mène une vie triste avec sa tutrice, quelque peu intrigante. Dans son cœur, il y a le gentil Alfred. Mais Rodolphe, un garçon riche et autoritaire, lui fait des avances… Les auteurs et comédiens jouent avec tous les clichés du genre. Entretien avec Flannan Obé.

photo Marie-Clémence David

C’est un retour à Rouen. Vous avez créé l’Opéraporno au CDN de Normandie Rouen.

J’ai joué Victor, le fils, sous la direction précise de Pierre Guillois. Au départ, ce n’était pas simple. Il a fallu comprendre ce qu’il voulait. D’autant que, dans cette pièce, il n’y avait pas de place à l’improvisation. J’ai trouvé une certaine liberté à l’intérieur de ces contraintes. Pour ce rôle de Victor, j’ai essayé qu’il soit le plus innocent possible, le plus sincère dans ses désirs pour sa belle-mère, dans son effroi quand il se retrouve dans le noir avec sa grand-mère.

Vous êtes chanteur, comédien, metteur en scène, auteur. Quel rôle préférez-vous ?

Ce que j’adore, c’est être multiple. Dans la vie, je trouve que c’est un grand luxe de passer d’un rôle à un autre. Être sur scène, écrire, jouer… Cela permet de varier les plaisirs, d’alterner les genres, les façons de faire des spectacles, d’être sur scène et aussi de diriger les comédiens. C’est intéressant d’être acteur et metteur en scène. On sait comment cela fonctionne de l’intérieur. J’aime beaucoup la direction de comédien. Cela me passionne vraiment de savoir quel chemin il faut prendre pour arriver au résultat que l’on souhaite. Surtout lorsque l’on veut aller vers le comique qui est un art particulier.

Pourquoi est-ce un art particulier ?

J’ai été formé au théâtre, au chant lyrique. Je suis passé par la chanson, avec Lucienne et les garçons que nous reprenons. Faire rire en chanson, c’est trouver quelque chose d’extrêmement précis, des gestes, un positionnement singulier. Il faut faire comprendre que c’est drôle. Cela veut dire qu’il est nécessaire d’avoir une réceptivité à ce qu’il se passe dans le moment, qu’il faut faire des choix précis tout en étant perméable à une émotion qui passe. Avec le comique, on est sur un chemin de crête. C’est vraiment l’art de la précision et de l’immédiateté.

 

Dans Le Crime de l’orpheline, vous jouez deux rôles, Alfred et Rodolphe. Comment les avez-vous appréhendés ?

C’est le méchant et le gentil. Si Florence Andrieu reste en scène du début à la fin de la pièce, je ne fais que sortir. Je passe mon temps à courir pour passer derrière le décor et changer quelques détails. C’est très physique et j’adore ça. Tous les deux, nous nous sommes écrit une boîte à jouer, une histoire avec des accidents.

Qu’est-ce qui les différencie physiquement ?

J’ai dû trouver deux corps. L’expression du visage est différente parce que ces deux personnages ne sont pas animés par les mêmes sentiments. Le plus gentil est romantique et un peu gauche. L’autre est un peu courbé, se donne des airs. Les gestes ont beaucoup de sens. C’est du sur mesure.

Comment est venue cette idée du Crime de l’orpheline ?

Après L’Envers du décor, notre pièce précédente, nous n’avons pas envie de mettre fin à une aventure théâtrale; Nous avons beaucoup aimé travailler sur le ratage. Nous avons entamé une phase d’écriture. Dans Le Crime de l’orpheline, nous avons mis toutes les choses que nous aimons : l’univers du vieux cabaret, le cinéma muet en noir et blanc, la pantomime, la danse, le grand guignol, un art qui est aujourd’hui tombé en désuétude. C’est un théâtre pour se faire peur avec du sang qui coule et des fantômes… Nous nous exprimons seulement qu’en chantant. Elle permet d’apporter des indices aux spectateurs. Elle témoigne aussi d’une émotion. Elle traduit un sentiment.

  • Mardi 6 février à 20 heures au centre Voltaire à Déville-lès-Rouen. Tarifs : de 16 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com