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GoGo Penguin au 106 : « Nous partageons un même goût pour l’électronique »

photo Linda Bujoli
photo Linda Bujoli

Depuis sa formation, GoGo Penguin a participé au renouveau du jazz et bousculé l’electro. Tout en apportant un regard bien personnel sur le rock, la soul, le rap, la musique minimaliste… Le groupe de Manchester a cette particularité de sonner comme de l’electro mais seulement joué par leurs trois instruments, piano, basse et batterie. Chris Illingworth, Nick Blacka et Rob Turner créent à nouveau des atmosphères riches et hypnotiques dans cet album, A Humdrum Star, sorti en février 2018. Entretien avec Chris Illingworth avant le concert vendredi 30 novembre au 106 à Rouen

Le titre de votre album fait référence à une citation de Carl Sagan. Comment cette phrase a-t-elle influencé l’écriture de cet album ?

En fait, le titre est arrivé après l’écriture de tous les morceaux de l’album. Il y a plusieurs thèmes qui traversent ce disque et chaque composition a sa propre influence et sa propre histoire. Or, un concept a été présent dans nos tête pendant le processus d’écriture et d’enregistrement. C’est l’idée du double sens. Comment une même chose peut être regardée par plusieurs personnes et à partir de divers angles pour apparaître complètement différente ou être interprétée de multiples manières. Les écrits de Carl Sagan évoquent très bien ce sujet. Il a dit que la Terre n’était qu’un « point bleu pâle » (tout ce que nous connaissons et voyons devient au loin juste une petite lueur bleue dans l’espace). Pour lui, le soleil est « une étoile unique » (une immense étoile qui donne vie sur notre planète mais cependant peut être juste vu comme un simple point de lumière parmi les autres étoiles dans le ciel). Cela convenait aux morceaux que nous avions écrits et semblait être un titre parfait pour le disque.

Quelle a été la part d’improvisation lors de l’enregistrement de A Humdrum Star ?

Nous composons beaucoup mais nous retenons uniquement l’essentiel pour exprimer ce que nous voulons dire dans la musique. Nous consacrons beaucoup de temps au processus d’écriture et aux répétitions afin de peaufiner nos morceaux et nous débarrasser des choses inutiles. L’improvisation s’intègre parfaitement dans cette approche. Si nous avons l’impression qu’une partie du titre demande une improvisation, nous improvisons. Si nous ressentons qu’une partie du morceau doit être plus structurée, nous composons. Nous improvisons également de différentes manières. Parfois, nous avons l’impression qu’un morceau veut un solo de jazz plus traditionnel sur lequel un musicien improvise avec le soutien des autres. Parfois nous partons d’une base et la musique nous laisse une totale liberté à tous les trois. A un autre moment, nous sommes dans une approche classique où l’improvisation se concentre plus sur le rythme, l’articulation, le phrasé pour modifier et varier le morceau. Tout dépend de ce qui nous semble nécessaire.

 

 

Sur cet album, vous avez davantage expérimenté avec des effets électroniques au piano. Pourquoi ?

Nous essayons d’aller toujours au-delà de ce que nous pouvons faire avec nos trois instruments. L’électronique nous permet cela. Nous pouvons conserver des sons acoustique de piano, de basse et de batterie, puis les améliorer et les augmenter. Cela fait un moment que je teste au piano des sons plus électroniques mais sans machine. C’est quelque chose qui m’a intéressé dans la musique de John Cage, Gyorgi Ligeti. J’ai pu faire cela dans le dernier album. J’ai également beaucoup plus travaillé avec notre ingénieur du son, Joe Reiser, en combinant des éléments électroniques utilisés pour l’enregistrement et repris pour les concerts. Nous avons tous les deux estimé qu’il était important de garder le son acoustique du piano et d’ajouter et développer quelques sons de l’instrument.

Vous venez d’horizons musicaux différents. Quel est votre point commun ?

Nous avons tous les trois diverses origines musicales, des goûts et des préférences différents. Mais il y a des croisements. Cette combinaison fait que GoGo Penguin sonne de cette manière. Nous sommes tous en mesure d’apporter quelques chose de différent et d’individuel à la musique et avons des bases communes qui nous aident à fusionner nos idées et composer cette musique. Nous partageons un même goût pour l’électronique, pour des gens comme Aphex Twin, Bonobo, Four Cet, Jon Hopkins… Nous commençons souvent à écrire à partir d’une approche électronique. Du coup, les sons et les timbres sont infinis. Et c’est agréable de commencer par un point où tout est possible et où les limites physiques de nos instruments ne sont pas une contrainte. Nous travaillons ensuite ensemble pour interpréter et développer ces idées avec nos instruments et trouvons souvent des idées que nous n’aurions probablement pas eu si nous avions commencé à écrire de manière acoustique. 

 

Infos pratiques

  • Vendredi 30 novembre à 20 heures au 106 à Rouen.
  • Tarifs : de 24,50 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com