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Grégori Miège : « Être dans une histoire en marche »

Grégori Miège, c’est Aslak, Monsieur Ballon et Hussein dans le Peer Gynt de David Bobée. Le comédien est aussi un des piliers du feuilleton Mesdames, messieurs et le reste du monde, créé au festival d’Avignon 2018 et repris tous les samedis jusqu’au 1er juin à Rouen. Grégori Miège est non seulement sur scène pour partager le texte de Ronan Chéneau mais accompagne les comédiennes amatrices et les comédiens amateurs dans cette aventure théâtrale mise en scène par David Bobée.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce feuilleton Mesdames, messieurs et le reste du monde ?

La thématique du genre est suffisamment intéressante. Elle englobe le sujet du racisme, du sexisme… Ce sont des thèmes qui sont de plus en plus abordés. Les mouvements Me Too et Balance ton porc ont ouvert des voies à la liberté de parole. Avec le feuilleton, on a la sensation d’être dans une histoire en marche. Il y a aussi le plaisir de travailler avec David (Bobée, ndlr). J’aime son esthétique. Il est une personne humaine, ouverte, militante. En fait, avec lui, on va pas travailler de manière intéressée.

Qu’avez-vous ressenti pendant le feuilleton ?

Quand nous avons commencé, je ne savais pas comment cela allait se passer à Avignon. Je m’étais préparé à la venue d’associations voulant interdire le spectacle. Mais pas du tout. Le feuilleton a été très bien reçu. Chacun a pris conscience de toutes ces histoires. C’était très émouvant.

Comment avez-vous travaillé ce texte qui est à la fois théâtral et documentaire ?

Il y a différentes écritures mais le texte est fait pour la parole. C’est la forme qui dicte la manière dont il va être énoncé. Néanmoins, il faut être le plus droit possible, ne pas donner de jugement dans la voix. Même si on porte une parole chargée d’émotion. Et ça, on ne peut y échapper.

Comment porter ce texte à l’extérieur ?

Il faut travailler dans la projection et cette forme s’y prête complètement. Nous sommes dans une agora, un lieu où le public vient entendre les textes, où on peut débattre.

Le feuilleton a une autre particularité : il réunit des comédiennes et comédiens, professionnels et amateurs.

Sur la scène, il n’y a pas de différence. Pas une personne est mise en avant. Il y a un groupe, un groupe de citoyens avec leurs personnalités, leurs sensibilités… Là non plus, il ne peut y avoir de jugement.

Vous accompagnez les comédiennes et les comédiens amateurs. Comment avez-vous travaillé avec eux ?

Pour le feuilleton à Rouen, le découpage était déjà effectué. Nous avons commencé par des lectures simples afin que chacun découvre le texte. Il y a eu aussi des discussions sur le sujet. Quand il y a eu besoin de débat, on l’a fait. Tout est resté toujours ouvert. Puis nous avons réparti le texte entre nous. Qui dit quoi ? C’est important que chacun ait envie de porter des mots. Puis il y a eu le travail de la voix. Je leur ai donné quelques astuces techniques. Une phrase commence au premier mot et se termine au dernier mot.

Que voulez-vous dire ?

Il faut un engagement durant toute la phrase. Il arrive souvent que les intentions s’effacent avant la fin. Les derniers mots tombent.

Où est le plaisir à travailler avec les amatrices et les amateurs ?

J’aime beaucoup leur fragilité, leur rapport direct et innocent avec un texte. Avec eux, je réapprends beaucoup. Je les regarde et je me dis : il dit ça comme ça, c’est étonnant. J’ai aussi leur engagement parce qu’il est total. Ils viennent répéter et jouer sur leur temps personnel. Ils mangent mal. C’est fabuleux de transmettre. On se sent aussi portés par eux. C’est très agréable.

Vous avez aussi travaillé avec des collégiens pour l’épisode L’École du genre qui se joue samedi 18 mai ?

J’ai travaillé avec un groupe d’une classe théâtre. Avec ces collégiens aussi, il y a eu plusieurs discussions autour du thème. Ils ont vite compris le principe du texte. Ce qui est bien avec les adolescents, c’est que tout se révèle très vite. Les premières fois, il y a beaucoup de retenue. Après ils prennent confiance et ils s’affirment.

Infos pratiques

  • Samedi 18 mai : L’École du genre
  • Samedi 25 mai : Tou.te.s minoritaires
  • Samedi 1er juin : 2e cérémonie des Molière non raciste et non genré
  • Chaque épisode a lieu à 12 heures au square André-Maurois, jardin du musée des Antiquités à Rouen.
  • Traduction en langue des signes
  • Spectacle gratuit