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Isabelle Carré à l’Armitière : « Mes trente ans de carrière m’ont permis d’être en paix avec moi-même »

photo JF Page
photo JF Page

La comédienne Isabelle Carré est l’invitée de l’Armitière lundi 11 juin pour un livre et non pas un film. Les Rêveurs (Grasset), un roman qui n’est pas autobiographique mais qui est loin d’être une fiction. Grave et léger. Ce qui est sûr, c’est que le livre a trouvé rapidement ses lecteurs. Entretien.

Pourquoi écrire un roman qui n’est pas qu’un roman ?

Je n’avais pas envie de me confier. Mais j’avais envie d’écrire cette histoire-là. Prendre des éléments romanesques pour réinventer la réalité, suppléer la mémoire par l’imagination. C’est d’autant plus vrai avec les passages liés à l’enfance. Quand on est enfant, on transpose, on interprète… Aussi, j’ai fait en sorte que le passé redevienne présent en le confrontant au réel. Avec ma subjectivité, mes fantasmes. Un peu comme quand on se réveille d’un rêve. Au final, on ne doit pas pouvoir savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

Comment avez-vous décidé de sauter le pas ?

C’est en participant à un atelier d’écriture avec Philippe Djian. Mais, en fait, ce roman, je l’ai en tête depuis vingt ans.

Vous racontez ce qui semble être votre vie et celle de votre famille. Avec tout ce que cela peut avoir d’intime et de chaotique. C’était une forme de psychothérapie pour vous… ?

Pas du tout. Mes trente ans de carrière m’ont permis d’être en paix avec moi-même ! J’ai écrit ce roman en me disant que certains pourraient se reconnaître. C’est une manière de partager ses doutes, d’entrer justement d’une autre manière dans l’intimité. Je voudrais que ce livre parle à l’oreille des lecteurs.

N’avez-vous pas eu peur d’exposer quand même votre famille ?

J’ai pensé changer les noms, je vous avoue. Mais j’ai réussi à mettre beaucoup de distance entre mon personnage et moi-même. Sans forcer l’écriture. Et puis, c’est un livre hommage pas un règlement de comptes. Et je m’aperçois que les lecteurs le reçoivent avec beaucoup de bienveillance. Je le voulais lumineux ; même s’il y a de la souffrance.

Les Rêveurs, c’est un retour dans le passé. Un peu de nostalgie… ?

Je crois que l’on a envie de retourner dans notre enfance, ce pays où l’on aimerait bien laisser son empreinte. Et l’écriture m’a réellement permis de m’y retrouver sans avoir besoin même de retourner physiquement sur les lieux. C’est extraordinaire de pouvoir inventer ce que l’on veut sans aucune limite ! Un livre, c’est beaucoup moins cher qu’un film !

Il y aura une suite à la carrière littéraire d’Isabelle Carré…

Je serais très heureuse d’écrire à nouveau. Mais c’est du temps à trouver.

Propos recueillis par Hervé Debruyne

  • Lundi 11 juin à 18 heures à la librairie L’Armitière à Rouen. Entrée libre