//

Jacques Bonnaffé prend la parole pour évoquer le silence

photo Hervé Leteneur

Ce sera la dernière lecture de l’édition 2017 de Terres de Paroles. Le comédien Jacques Bonnaffé qui a joué Flaubert dans Bovary de Tiago Rodrigues clôt le festival avec la lecture du Trésor des humbles de Maurice Maeterlinck dimanche 30 avril au manoir d’Etainnemare à Etoutteville.

Il est un fabuleux Flaubert dans le Bovary de Tiago Rodrigues, un spectacle intelligent qui mêle le côté poétique et politique du roman. Jacques Bonnaffé joue un écrivain très drôle qui s’interroge sur la censure qu’on veut lui infliger et se raccroche à l’amour porté à Elisa Schlésinger. « J’ai beaucoup apprécié travailler avec Tiago Rodrigues. Avec lui, c’est comme un coup de poker parce que tout doit se passer ici et maintenant. Cela vient de son travail effectué à Lisbonne. Là-bas, il n’y a plus rien pour faire du théâtre ».

Retour de Jacques Bonnaffé à Terres de Paroles. Cette fois, le comédien clôt dimanche 30 avril à Etoutteville le festival avec la lecture d’une oeuvre de Maeterlinck, Le Trésor des humbles. Dans ce livre, paru en 1896, l’auteur belge interroge la question de l’être à travers divers thèmes comme le silence… Le silence, en effet, est au coeur de cette rencontre. « C’est drôle de prendre la parole pour défendre le silence », s’amuse le comédien.

Jacques Bonnaffé, un grand bavard ou un taiseux ? « Je suis les deux. En alternance. Derrière les grands bavards, il y a toujours de grands muets ». Le silence, « même s’il est utile », ne l’apaise pas. « Je n’aime pas trop  le silence. Derrière lui, il y a souvent de la violence. Comme aujourd’hui, en Turquie. je ne peux ignorer la violence de ces silences.On torture dans ce pays. Et ceux qui écrivent sont sous les verrous ».

Le bruit ne le rassure pas non plus. « Il nous empêche de penser. La télévision, par exemple, elle épuise. Elle permet des regroupements de troupeaux en des endroits où on ne pense pas. C’est très bizarre. D’autant que l’on va parfois dans des lieux sonores pour stimuler la pensée ».

« Besoin de se secouer la carcasse »

Comédien, récitant, lecteur, véritable bateleur, Jacques Bonnaffé est avant tout un grand défenseur des textes rares. On connaît davantage son visage que son nom. Tant il a multiplié les expériences artistiques. « Avec le théâtre, la poésie ou les romans, la disposition de la parole n’est pas la même. Au théâtre, on doit faire ressentir. Alors qu’en poésie, on est déjà dans une écriture du ressenti. Si on joue, on arrive vite à saturation. Au cinéma, on est encore ailleurs ».

Jacques Bonnaffé manie la langue avec une grande facilité et une délicatesse. Sa voix est facilement reconnaissable. On l’entend régulièrement sur France Culture où il lit des poèmes. « J’aime beaucoup la voix et tout ce qu’elle porte avec elle. J’aime d’ailleurs le chant. C’est un formidable lâcher-prise ». Notamment pour une personne remplie d’énergie, adepte du vélo. « Nous avons tous besoin d’une dépense physique, de se secouer la carcasse. Tant que l’on peut, ce n’est pas mal venu d’essayer ». Il y a en effet toujours beaucoup d’énergie dans le jeu de Jacques Bonnaffé, tout se termine avec poésie et dans une douce rêverie.

  • Dimanche 30 avril à 17 heures au manoir d’Etainnemare à Etoutteville. Tarifs : de 6 à 4 €. Réservation au 02 32 10 87 07 oui sur www.terresdeparoles.com