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Jean-François Zygel à Rouen

L’Opéra de Rouen/Haute-Normandie a commandé à Jean-François Zygel la composition d’une musique pour accompagner la projection de La Belle Nivernaise, un film de Jean Epstein de 1923. Homme aux multiples talents, fin pédagogue, il interprète au piano sa propre partition ce vendredi soir avec l’orchestre de l’Opéra, dirigé par Luciano Acocella, au Hangar 23 à Rouen.

 

photo Denis Rouvre
photo Denis Rouvre

Le cinéma muet est une de ses passions. Et ce, depuis l’âge de 25 ans. Pour cela, il a fallu une rencontre. Celle de Christian Belaygue, fondateur du festival Cinémémoire à Paris et à l’origine du renouveau du ciné-concert en France. Jean-François Zygel possède deux mille films et savoure cet « art du spectacle » qui a connu son âge d’or dans les années vingt. « A cette époque, on a produit une quantité de chefs-d’œuvre incroyables. On a tourné autant de films entre 1920 et 1930 qu’entre 1945 et 1980. On peut comparer le cinéma muet à la photographie en noir et blanc. C’est plus beau, plus onirique. Le cinéma d’aujourd’hui reproduit la réalité. Il est plaisant, divertissant mais, pour moi, ce n’est pas vraiment de l’art ».

Entre 1920 et 1930, le cinéma muet a ses grands noms : Eisenstein en Russie, Sjöström en Suède, Fritz Lang, Chaplin, Keaton, Borzage aux Etats-Unis, Renoir et Abel Gance en France. « Quelques cinéastes ont créé un mouvement que l’on peut rapprocher de l’impressionnisme. Ils s’intéressent à l’eau, à la nature, à la lumière… Il y avait Marcel L’Herbier, Germaine Dulac et Jean Epstein ».

En 1991, Jean-François Zygel compose une musique pour le Nana de Jean Renoir, une commande du musée du Louvre à Paris. Il a également signé une musique pour L’Argent de Marcel L’Herbier et pour La Femme sur la lune de Fritz Lang. Dans le cadre de Normandie impressionniste, il a écrit une partition pour piano et orchestre pour La Belle Nivernaise de Jean Epstein. Une musique impressionniste ? « Non, c’est ma musique mais je me suis imprégné des musiques des années vingt et trente. On ne peut pas violer le film. Celui de Jean Epstein met en valeur les fragilités et les abîmes de la vie intérieure. La musique est là pour comprendre ce qui se passe dans chacun des personnages. C’est quelque chose d’intime ».

L’orchestre de l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie, dirigé par Luciano Acocella, accompagne Jean-François Zygel au piano lors de ce ciné-concert qui se déroule ce vendredi 12 juillet au Hangar 23 à Rouen.

 

La Belle Nivernaise

Jean Epstein réalise La Belle Nivernaise en 1923. Ce film est une adaptation d’une nouvelle d’Alphonse Daudet, écrite en 1886, qui se déroule sur une péniche, la Belle Nivernaise. Un couple recueille un enfant. Un jour, le père revient, puis repart avec son garçon qu’il place dans un internat. Mais, le gamin veut vivre sur cette péniche auprès de celle qu’il aime, la fille du couple.

Le film de Jean Epstein est, selon Jean-François Zygel « une intrigue qui pose plusieurs questions. Qui sont les vrais parents ? Est-ce le couple qui élève un enfant ou le père biologique ? Où est la vraie vie ? Vaut-il mieux réussir socialement ou être en accord avec soi-même ? Jean Epstein interroge sur l’inceste puisque, même si les deux enfants ne sont pas frère et sœur, ils ont été élevés ensemble. Il y a aussi la question de l’usure du couple. L’enfant arrive dans la vie de ce couple comme une grâce divine. Et puis, on découvre le Paris de cette époque… C’est aussi ça le cinéma muet ».

 

 

 

  • Vendredi 12 juillet à 20 heures au Hangar 23 à Rouen.
  • Tarifs : 12 €, 9 €. Réservations au 02 35 98 74 78