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Jean Teulé au Havre et à Rouen : Abélard ou du cochon ?

Jean Teulé aime la Normandie – il est né à Saint-Lô – et y vient d’ailleurs deux fois à quelques jours d’intervalle. A la Galerne mercredi 1er avril et à L’Armitière mardi 7 avril, pour présenter sa décapante évocation d’Héloïse et Abélard.

 

photo Philippe Mastsas
photo Philippe Mastsas

Il ne va pas se passer beaucoup de temps avant qu’ils ne se mélangent, ces deux-là. Juste après sa première rencontre avec la jeune Héloïse dont il devient le précepteur, le théologien Abélard s’en retrouve tout retourné et même que « ça lui pétille dans les couilles »…

Oui, car c’est jean Teulé qui nous raconte cette histoire d’amour fusionnel ; Teulé qui a tendance à appeler une chatte, une chatte. Et comme cette première époque est celle d’une passion charnelle tellement libre, l’auteur pousse les génitoires assez loin en nous racontant des scènes qui ne font pas trop dans la nuance. De Grey.

Nous sommes au XIIe siècle et c’est pourtant là une véritable fête du slip, slip qui n’existe pas à l’époque… Une sexualité débridée et festive mais une grande passion, rappelons-le, entre deux amants qui ont un principe égalitaire bien compris : « tout ce que tu me fais, je te le fais. » Et ils étudient tous deux la chose avec une assiduité qui force le respect. D’ailleurs, quand le chanoine Fulbert, oncle et protecteur d’Héloïse, s’enquiert naïvement de l’efficacité de l’enseignement d’Abélard, la jeune élève répond : « oui, oui, ça rentre »…

Heureusement, avec Teulé, le sexe n’est presque pas graveleux et favorise même chez l’auteur quelques saillies – c’est le moment de le dire – et autres envolées lyriques quand Abélard « polissonne la bagasse, bélute la donzelle. » « Et revoilà la partie de jambes en l’air et du baston à un bout lancé dans une nouvelle chevauchée sans selle ! On ne comprend plus rien aux postures. »

La suite du roman est un peu moins drôle – mais quand même ! – car, si Teulé prend des libertés avec le style, il ne transige pas avec l’Histoire. Or l’Histoire s’assombrit. Découverts – même si, découverts, les amants le sont souvent dans cette 1ère partie ! – Héloïse et Abélard vont devoir en effet payer pour leurs fautes. Mais la passion, elle, restera intacte, comme en témoignent les lettres qu’ils s’écrivent, et Héloïse et Abélard figurent encore non sans raison au Panthéon des couples de légende.

 

  • Jean Teulé dédicace à la Galerne (Le Havre) mercredi 1er avril à 18 heures et à L’Armitière (Rouen) mardi 7 avril à 18 heures. Entrée libre.