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Julie-Anne Roth : « la lecture, c’est la sensation d’une confidence »

photo James Weston

Elle est comédienne, réalisatrice, metteure en scène. Elle va du théâtre au cinéma. Julie-Anne Roth est une enfant de la balle. Elle a une passion pour Shakespeare, multiplie les projets. On l’a vue récemment avec la chanteuse Emily Loizeau. Elle a collaboré avec des artistes normands, dont Catherine Delattres, Patrick Verschueren, Frédéric Cherboeuf. Pour le festival Terres de paroles, Julie-Anne Roth devient la lectrice du Seigneur des anneaux. Un Tribute to Tolkien, Vers Le Pays de Mordor où s’étendent les ombres, qu’elle partage jeudi 13 avril au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly avec François-Xavier Szymczak et le pianiste Wilhem Latchoumia. Gagnez vos places en écrivant à relikto.contact@gmail.com

 

Quel regard portez-vous sur l’oeuvre de Tolkien ?

Tolkien ne fait partie de mes classiques. J’ai eu néanmoins un plaisir à retrouver des scènes emblématiques. Il y a dans cette histoire des personnages à foison. Il faut la prendre comme une quête. Celle d’un anneau que l’on cherche d’ailleurs à se débarrasser. Quand un personnage le possède, il devient mauvais. Je vois cette lecture comme un va et vient entre les mots et la musique. Il faut être dans le plaisir de ce va et vient, dans le plaisir de la transmission.

 

Participez-vous régulièrement à des lectures ?

C’est un exercice que j’adore. J’aime beaucoup entendre lire à la radio ou en public. La lecture est un moment qui nous sauve. Ce n’est pas rien que les enfants aiment tant écouter une histoire le soir avant de s’endormir. La lecture, c’est une voix. C’est la sensation d’une confidence. Je suis fan de lecture de la série d’Harry Potter par Bernard Giraudeau. Il fait toutes les voix. C’est du très grand art. Il est mon référent.

 

Qu’est-ce qu’une bonne lecture selon vous ?

Lors d’une lecture, il faut une dramaturgie, un souffle. A la fin, il est essentiel d’avoir fait un voyage ensemble.

 

Faites-vous une distinction entre le théâtre, le cinéma, la lecture ?

Non. Pour moi, c’est la même chose. Quand on est un jeune acteur, on joue. C’est formidable. Quand on acquiert un peu d’expérience, ces différents genres deviennent des grammaires même si ce sont les mêmes langages. Le plus important, c’est faire les choses ensemble. J’ai la chance de multiplier les expériences, les rencontres, les partenaires de travail. Tout s’enrichit. Un comédien doit tout observer. Pour lui, tout doit faire sens. Comme nous devons raconter le monde, il faut faire attention. Si nous restons enfermés, il y a le risque de jouer toujours de la même manière. Parce que l’on part toujours de soi pour aller vers les autres.

 

Au cinéma aussi ?

C’est plus ou moins dissimulé mais on part toujours de quelque chose qui nous touche. J’aime bien trouver un équilibre entre les questions graves, profondes et les bêtises. Nous sommes tous des écorchés de la vie. Nous avons tous notre lot de blessures. Pourtant, il faut bien vivre, avancer, trouver de la joie. Cela fait 25 ans que je travaille. Il y a un mouvement, des moments pour remettre ces questions au premier plan. Au fil du temps, les choses s’affirment, glissent.

 

Vous avez beaucoup joué Shakespeare. Pourquoi ce choix ?

C’est la même chose pour une personne qui entre dans une église et décide de devenir prêtre. Au début, Shakespeare, pour moi, c’était une oeuvre très compliquée qui devait m’être étrangère. Et la première fois que j’ai lu une pièce, j’ai vu une clarté, une drôlerie. Tout m’était familier. Ce fut une sensation forte. Chez Shakespeare, les femmes sont les héroïnes. Pour les actrices, c’est très important d’avoir quelque chose de coriace à jouer. C’est passionnant et formidable

 

  • Jeudi 13 avril à 20 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. Tarifs : de 19 à 11 €. Réservation au 02 32 10 87 07 ou sur http://terresdeparoles.com/fr