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Katerine à Rush : « j’ai confiance au temps qui passe »

photo Éric Garault
photo Éric Garault
photo Éric Garault

Juste un piano-voix. Pour cette tournée avec son nouvel album, Le Film, Philippe Katerine est accompagné de la pianiste, Dana Ciocarlie. Une véritable première pour le chanteur qui n’avait donné de concerts après la sortie de Magnum. Le Film est une série de fantaisies cinématographiques, intimes et poétiques, d’humeurs sombres et joyeuses. Bertrand Belin, maître de cérémonie de Rush, festival du 106 à Rouen, invite Philippe Katerine samedi 28 mai sur la presqu’île Rollet. Interview.

 

Bertrand Belin dit que vous êtes l’artiste qu’il « aime le plus dans le monde de la musique ». C’est très flatteur ?

Complètement. Cela me fait très plaisir. Bertrand est un garçon que j’aime beaucoup et qui utilise toujours un vocabulaire à bon escient. C’est une grande qualité.

 

Vous aussi, non ?

Oui, peut-être. Enfin, bon, c’est plus menu.

 

Votre album s’intitule Le Film. Est-ce que le cinéma peut avoir une influence dans votre écriture ?

Oui, sûrement. Le cinéma m’influence davantage dans la façon de faire, d’enregistrer, d’interpréter… Comme j’ai fait le comédien de temps en temps, cette expérience m’aide sur scène, à trouver ma place. Je m’intéresse aussi beaucoup à l’actualité cinématographique. Je lis beaucoup sur le cinéma…

 

Est-ce qu’il vous aide pour trouver le meilleur angle ?

Oui, bien sûr. En écrivant cet album, j’ai beaucoup pensé à Ozu. Ce réalisateur japonais filme toujours à genou pour être légèrement plus petit que son sujet. Cette façon de faire m’a influencé. En tant que chanteur, on se demande toujours où se trouve sa place. Quand j’ai enregistré, j’avais l’impression de chanter à genou.

 

Pourquoi avez-vous choisi ce format de court métrage pour ces nouvelles chansons ?

Ce sont des chansons à thème. Elles abordent des sujets, comme l’amour, le temps qui passe, la mort…, qui sont bien plus grands que moi. Quand on écrit, on ne s’aperçoit pas que l’on aborde de telles questions. On ne le fait jamais exprès. Cela reste cependant des sujets de première année de philo.

 

Est-ce votre journal intime ?

C’est ça. Ce sont de petits détails. Tout cela reste contemplatif. J’observe autour de moi. Parfois, je suis émerveillé. Parfois, ça me dégoûte. Ça m’énerve.

 

 

 

On suit vos humeurs.

Quand j’ai écrit Compliqué, j’étais sur les nerfs. Heureusement, le soleil est venu après une éclaircie. Il y a eu une réconciliation.

 

Est-ce que vous avez cherché cette réconciliation ?

Oui parce que j’en ai besoin. Je n’ai aucune envie d’être fâché avec le monde. Quand je suis sur les routes, j’observe la nature. J’ai envie de parler avec les gens. Récemment, j’ai été invité à un mariage. Des personnes ont interprété une danse traditionnelle. J’étais ébloui. Cela a été comme une révélation. J’en ai fait une chanson.

 

Vous parliez tout à l’heure du temps qui passe. Dans ces chansons, vous parlez beaucoup d’espaces.

Oui. Maintenant que vous le dites, je dessine aussi des espaces. Comme un chien qui fait pipi sur son territoire. C’est un territoire qui va plus loin que le regard. Surtout pas un espace imaginaire. C’est ce que je vis.

 

Dans cet album, il y a une idée récurrente : la nécessité d’être patient pour savourer le bonheur.

C’est inhérent à ma nature. Je suis très patient. J’ai confiance au temps qui passe, aux gens. Je ne me fais jamais une idée sur les gens. Comme cela, je ne suis pas déçu. L’heure viendra pour une rencontre qui se produira bientôt. Les choses se font quand elles doivent se faire.

 

Vous êtes donc une personne optimiste.

Oui, je vous le confirme. Il faut être patient et positif… Il faut aussi savoir s’énerver. Je donne des conseils comme ça. Des fois quand on est énervé, il faut que ça sorte. Il faut vivre ce moment. Après, ça doit cesser parce que l’on sait très bien qu’un nouveau jour se lève ensuite.

 

Dans cet album, vous avez travaillé avec Julien Baer, un artiste qui travaille la musique comme de la dentelle.

Oui, absolument, c’est de la dentelle. C’est quelqu’un de très rigoureux qui a apporté de petites touches impressionnistes. C’est une chose dont j’avais besoin. Julien comprend vite les chansons, la géométrie des chansons. Il a cette qualité et a été un partenaire idéal.

 

Le programme de Rush

  • Vendredi 27 mai de 17 heures à 2 heures : Damien Schultz, Mocke Trio, Charles Pennequin, Pain Noir, Marietta, Cavern of Anti-Matter, Rover et projection de Wendy & Lucy de Kelly Reichardt
  • Samedi 28 mai de 14 heures à 2 heures : Eddy Crampes, Eric Chenaux, Bertrand Belin, Nord, Thee Verduns, Arlt, Katerine, The Limiñanas et projection de Old Joy de Kelly Reichardt
  • Dimanche 29 mai de 13 heures à 21 heures : Damien Schultz, Jim Yamouridis, Loya, Eric Copeland, Bertrand Belin, Elg, Helena Hauff, Har Mar Superstar
  • Festival gratuit