Outre Les Égarés de Marc Lainé errant dans l’agglomération rouennaise, c’est ce vendredi 25 septembre que commence la deuxième saison du centre dramatique national de Haute-Normandie. Son directeur, David Bobée, présente avec l’équipe et les artistes cette nouvelle programmation au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly.
On n’a pas été déçu par la première saison du CDN de Haute-Normandie. Les différents spectacles ont bousculé quelques a priori si tenaces, titillé, amusé, réchauffé des cœurs, repoussé des horizons… On s’est promené avec délice dans des contrées inconnues, entre théâtre, danse, cirque, musique, vidéo, avec des artistes généreux. Les 41 spectacles ont séduit. David Bobée, directeur du CDN, peut donc annoncer avec un large sourire un taux de remplissage de 84 %. Ses mises en scène, dont Lucrèce Borgia de Victor Hugo, ont également été un réel succès avec 231 dates. « Cela a généré 25 % du total des recettes du CDN ».
On a attendu la première saison avec impatience. Pour la deuxième, l’appétit est encore plus grand. David Bobée dévoile cette nouvelle programmation vendredi 25 septembre au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. « La première saison a été comme un feu d’artifice. Pour la deuxième, les choses s’affinent, se clarifient. Je creuse le même sillon un peu plus loin. Il y a quelques chose de plus politique pour répondre à une urgence plus grande, à une violence du monde plus virulente ».
En création
Cette saison compte 45 spectacles, dont la moitié de créations. « C’est la mission première d’un CDN : faire advenir la création. Ce sont des rencontres, des univers, des objets qui visent l’exercice de la conscience citoyenne ». A commencer par Dios Proveerá, un cirque de résistance présenté par une troupe d’artistes colombiens, La Clameur des arènes de Salia Sanou, Dans La République du bonheur d’Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, 4 de Rodrigo Garcia, Paris d’après Mélo de Frédéric Ciriez, Réparer Les Vivants d’Emmanuel Noblet, le triomphe du dernier festival d’Avignon. « C’est un des sens de mon travail : accompagner des metteurs en scène, être à l’écoute de projets. Quand Emmanuel est venu vers nous pour nous dire que, pour lui, c’était maintenant, nous avons décidé de le suivre et à tordre le budget. Aujourd’hui, c’est une belle récompense pour lui et nous bénéficions de cette récompense. C’est un bonheur que je découvre en tant que directeur », confie David Bobée.
Pas de véritables créations mais des expérimentations, les Labos sont des cartes blanches données à des metteurs en scène. Sophie Cadieux, artiste québécoise, explore le monde de la nuit et propose de dormir au théâtre. Yves-Noël Genod fait son Labo sur Corneille. David Bobée reprend Fées avec les élèves du conservatoire de Rouen. Il avait mis en scène à 25 ans ce texte de Ronan Chéneau ancré dans l’actualité. « En France, à ce moment, Sarkozy arrivait au pouvoir. C’était comme une vraie prise de parole ». Six ans plus tard, il recrée le spectacle en Russie quand « s’affirme la dictature de Poutine ». Pour ce Labo n°6, ce sera un nouveau texte de Ronan Chéneau mis en scène pour 7 comédiens. « Qu’est-ce d’avoir 25 ans aujourd’hui, être musulman, être l’objet de discussion et vivre dans ce brouhaha permanent ? ».
Un mois avec Shakespeare
Cette saison, David Bobée qui a mis en scène Hamlet, Roméo et Juliette, consacre en janvier un mois à Shakespeare, mort il y a 400 ans, le 23 avril 1616. Ce seront « des variations autour de Shakespeare » avec du théâtre, du cinéma, de la musique, de la danse. Thierry Roisin s’empare de La Tempête avec des comédiens burkinabais, Nathalie Béasse, de Richard III. Tiago Rodriges, directeur du théâtre national de Lisbonne au Portugal, a écrit By Heart à partir de citations du dramaturge anglais. Angelo Jossec donne les clés de Roméo et Juliette dans Mon Royaume pour un cheval et fait le pari de monter Macbeth en 90 minutes dans Macbeth – fatum. Soirée folk avec Ophelia, un concert évoquant l’amour entre Hamlet et Ophélie. Diffusé sur Arte, Roméo et Juliette, le film de David Bobée et François Goetghebeur, ouvre ce mois Shakespeare.
Les partenariats
Il y a un festival qui tient à cœur David Bobée, c’est Art et déchirure. Pour José Sagit, codirecteur du festival, « c’est un vrai partenariat. Nous avons vu et choisi les spectacles ensemble. Je suis heureux et fier d’être associé au CDN ». Durant Art et déchirure qui se tient en mars 2016, cinq spectacles sont programmés. Retour de Gilles Defacque, clown et directeur du Prato à Lille, d’Emma Dante, auteure et metteure en scène italienne qui parle avec une belle liberté de ton, de Palerme, de la famille. Christiane Jatahy adapte Mademoiselle Julie de Strindberg. Hélène Soulier met en scène deux textes de David Léon, deux monologues sur la schizophrénie.
Le CDN de Haute-Normandie s’associé à Normandie impressionniste, dès avril. François Stemmer dresse des portraits d’adolescents dans Seventeen. David Bobée et Ronan Chéneau travaillent avec des primo-arrivants en Normandie. Quant à Clarisse Texier, elle abordera avec les enfants une question politique : pourquoi manifester dans les rues ? Marie-Hélène Granier fera son Grand Déballage avec des habitants de l’agglomération rouennaise
- Présentation de saison vendredi 25 septembre à 19h30 au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Entrée libre. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
- Programmation complète : ici
