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« Le Chandelier » ou le triomphe de l’amour pur

La BBC de Bruno Bayeux donne une version enjouée et délicate de la pièce de Musset, Le Chandelier. C’est à voir jusqu’au mercredi 14 août au jardin des plantes à Rouen.

Fortunio est un adolescent timide, à l’apparence naïve. Il est le troisième clerc de maître André dans Le Chandelier de Musset. C’est ce rôle ingrat qu’il va tenir dans un jeu de dupes. Pour éloigner tous les soupçons du vieux notaire, sa jeune épouse, Jacqueline, se laisse convaincre par son amant, Claveroche, un officier aussi lâche que goujat, de trouver… un chandelier. Fortunio devient là un coupable idéal. Or le jeune homme aime éperdument la belle Jacqueline depuis deux ans. Ce qu’elle ignore. Cet amour est si passionné et si pur qu’il en est désarmé quand il découvre le subterfuge. Il faudra une chanson pour que Jacqueline tombe amoureuse de Fortunio. Un amour qui reste interdit.

Thomas Jolly et Julie Lerat-Gersant sont magnifiques dans ces rôles d’amoureux perdus. Lui, drôle quand il « accepte le marché » de Jacqueline, puis touchant quand il s’indigne et avoue cet amour. Elle, fausse pétillante entre son époux et son amant, puis émouvante lorsqu’elle découvre un amour sincère. Musset installe ces deux personnages dans un équilibre instable, entre un drame et une comédie, entre les promesses, les mensonges, les aveux et les contraintes sociales. Chacun doit tenir son rang. Notamment l’épouse qui n’a aucun espace de liberté.

Dans l’eau

Dans Le Chandelier, Musset dresse une galerie de portraits très colorés tenue par une belle troupe de comédiens (Gilles Chabrier, Vladimir Delaye, Mathieu Duhazé, Damien Gabriac, Charline Porrone et Samy Zerrouki) : un mari trompé, un peu rustre, Guillaume et Landry, les deux clercs obéissants, Claveroche, le capitaine pas très malin qui finit penaud, la servante, bien embarrassée au milieu de ce jeu, et le jardinier très discret. C’est une galerie éclairée par le jeu, toujours délicat, du pianiste Philippe Davenet, et par la mise en scène judicieuse de Bruno Bayeux.

Tous évoluent dans l’étonnante scénographie de Laurent Martin : une structure en bois installée au milieu du bassin, près de l’orangerie au jardin des plantes. Une structure avec quatre espaces, la chambre, le salon, le jardin et l’étude, où règnent quatre ambiances différentes. Une structure qui devient le symbole des contraintes sociales de l’époque. Là, on ne peut emprunter que des chemins bien droits. Sinon, c’est un plongeon dans l’eau froide…

Infos pratiques

  • Jusqu’au mercredi 14 août, tous les jours, sauf les dimanches, à 21 heures au jardin des plantes, près de l’orangerie, à Rouen.
  • Tarifs : de 18 à 10 €.
  • Réservations sur www.rouen.fr