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Le Phoenix à la chapelle St-Louis : la productivité à tout prix

Dans ses créations, Christophe Tostain évoque le monde du travail. Expansion du vide sous un ciel (d’)ardoise(s) de la compagnie du Phoenix raconte la souffrance et la détresse de l’équipe d’un supermarché. C’est du 26 au 28 mars à la chapelle Saint-Louis à Rouen.

 

christophe tostainDans le supermarché, les cadences sont infernales. F. y travaille depuis une vingtaine d’années. Elle est même régulièrement la meilleure caissière du magasin. Elle ne se plaint pas même si elle doit supporter des douleurs musculaires lancinantes chaque jour. Elle a un travail. Ce que n’a plus son mari, J., ancien cadre du supermarché depuis quelques mois. Il y a aussi cette direction qui fixe des objectifs impossibles à atteindre.

 

Dans Expansion du vide sous un ciel (d’)ardoise(s), Christophe Tostain poursuit sa réflexion sur les problématiques sociétales. Là, il s’intéresse à la souffrance au travail qui entraine une détresse psychologique, parfois un suicide. « Quelle société peut accepter une telle violence ? J’ai voulu comprendre les mécanismes de cette fatalité ».

 

Expansion du vide sous un ciel (d’)ardoise(s) est une pièce en 65 tableaux. Tous succèdent très vite au rythme du bip du scanner à la caisse. Comme les tâches de F. depuis que le super est devenu un hyper. Il faut tenir la cadence, voire l’accélérer.

 

Dans cette pièce, Christophe Tostain aborde trois types de souffrance. « Celle de la caissière qui effectue un métier ingrat à cause des charges lourdes à porter, de la flexibilité des horaires, de la pression exercée par la direction, des humeurs des clients. C’est un emploi très exploité. Celle du mari qui a subi la pression managériale et se retrouve en pleine dépression. Celle enfin de la direction pour qui le travail est une drogue. Elle en oublie sa vie personnelle et intime ».

 

L’auteur s’est beaucoup documenté pour « être au plus juste dans l’analyse ». Il n’hésite cependant pas à « prendre parti. Dans la pièce, on reste dans l’univers du supermarché et on en vient à parler de la société de consommation qui fabrique cette souffrance, cette exclusion. La direction, je ne la ménage pas ». L’écriture de Christophe Tostain est rugueuse, sèche, impose une tension qui se lit dans les corps des personnages.

 

 

  • Jeudi 26, vendredi 27 et samedi 28 mars à 19h30 à la chapelle Saint-Louis à Rouen. Tarifs : de 15 à 6 €. Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.chapellesaintlouis.com