Les dessinateurs normands brandissent leur crayon

Gaëlle Levalet
Julien Hugonnard-Bert
Julien Hugonnard-Bert

Ignoble, abject, horrible, injuste, effroyable, tragique, abominable… Les adjectifs ne sont pas assez forts pour qualifier les assassinats perpétrés mercredi 7 janvier à la rédaction de Charlie Hebdo à Paris. Tous, Charb, Cabu, Wolinski, Honoré, Tignous ont été tués parce qu’ils défendaient la liberté d’expression et combattaient toute forme de fanatisme, d’ostracisme, de fondamentalisme.

Plusieurs dessinateurs de la Haute-Normandie s’expriment après la tragédie, rendent hommage à ces artistes, défendent la liberté, expriment leur tristesse. Voilà le travail de Julien Hugonnard-Bert, Jean-Marie Minguez, Christophe Quet, Nicolas Stérin, Gaëlle Levalet, Steve Baker, Matias Istolainen, Bastien Hannecart, Zélie, Christelle Lardenois, Bavi, Yannick Thiel. La liste s’allonge encore : Christophe Dépinay, Franck Herouard.

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est le moment également de faire relire les mots de Cabu et de Wolinski, interviewés pour le premier en mai 2011 et le second en février 2010 après la parution de leurs ouvrages.

 

« Plus méchant »

 

Nicolas Stérin
Nicolas Stérin

A l’occasion de la sortie de Cabu 68, Cabu rappelait que 1968 a été « une période très importante pour le dessin. Avant, dans des journaux comme Ici Paris ou France Dimanche, il y avait 7 pages de dessins avec des dessinateurs comme Dubout ou Barberousse, mais c’étaient des dessins apolitiques. A Hara Kiri également, créé en 1960, nos dessins n’étaient pas directement politiques même on se rend compte qu’il y avait déjà un air de 68 car on cartonnait la société de consommation, la publicité… En mai 68, il n’y a pas eu de journaux pendant un mois. C’est alors que Siné et Wolinski ont créé L’Enragé, journal créé clandestinement auquel j’ai participé dès le premier numéro jusqu’à sa disparition en novembre. C’est une période charnière car nos dessins étaient évidemment très politisés. Et c’est par la suite que le dessin de presse est devenu majoritairement un dessin politique. »

Le père du Grand Duduche et du Beauf considérait que le dessin d’aujourd’hui est moins subversif qu’il y a plus de 40 ans. « En 1968, il était plus méchant. Il y avait des choses à abattre ! Il y avait le gaullisme oppressant qui avait vieilli. Par exemple, Mme De Gaulle refusait à sa table les ministres qui étaient divorcés ! Mais ce n’est pas pour autant qu’aujourd’hui je suis blasé. Je me marre toujours. Ça m’amuse de dessiner cette comédie humaine ! »

 

Jean-Marie Minguez
Jean-Marie Minguez

« Grâce aux grands auteurs »

 

Quant à Wolinski, il s’était remis en scène face au jeune homme qu’il était lorsqu’il avait 20 ans dans Pitié pour Wolinski. Il dessinait « Parce que je ne sais faire que ça. Dès que j’ai su tenir un crayon, j’ai dessiné. J’ai bien essayé après de faire un vrai métier mais je n’y arrive pas. J’étais nul partout. Je suis trop distrait, je ne retiens rien, je pense à autre chose. Je me suis mis à dessiner pour le plaisir et peu à peu, c’est devenu un métier. Je ne sais rien faire d’autre… à part lire. Si je suis devenu dessinateur, c’est grâce à mes lectures sans lesquelles je ne serai rien. Elles m’ont permis d’être ce que je suis et si j’aime tant la France, c’est grâce à ses grands auteurs que j’ai lu très jeune comme Victor Hugo ou Jules Verne. Mon livre de chevet est Candide de Voltaire ».

 

 

 

Propos recueillis par Laurent Mathieu

 

Franck Herouard
Franck Herouard

 

 

 

 

Christophe Dépinay
Christophe Dépinay
Gaëlle Levalet
Gaëlle Levalet

 

Bastien Hannecart
Bastien Hannecart
Matias Istolainen
Matias Istolainen

 

 

Gaëlle Levalet
Gaëlle Levalet
Zélie
Zélie
Christophe Quet
Christophe Quet
Christelle Lardenois
Christelle Lardenois
Bavi
Bavi
Steve Baker
Steve Baker
Yannick Thiel
Yannick Thiel