/

Les femmes en piste

Des talents confirmés et des découvertes pleines de promesses : ce sont les ingrédients de la nouvelle saison du cirque-théâtre à Elbeuf. Une saison paritaire, aussi « joyeuse et résistante », comme la définit le directeur, Roger Le Roux.

 

"Le 6e Jour" photo Christophe Raynaud de Lage
« Le 6e Jour »
photo Christophe Raynaud de Lage

« Aujourd’hui, les artistes femmes du monde du cirque affirment leur envie d’autonomie, de création. Elles se réunissent entre elles et prennent une place progressivement ». Pour en parvenir là, elles ont dû jouer des coudes. « Dans les écoles de loisirs, il y a principalement des jeunes filles qui choisissent. Quand on grimpe de niveau, quand on arrive dans les écoles, on constate l’inverse. Il y a deux ans, au CNAC, il y avait une seule fille dans une promotion de 15 personnes », remarque Roger Le Roux. La raison : « les écoles sont très majoritairement masculines. On commence à observer un changement ».

 

Lors de la prochaine saison du cirque-théâtre à Elbeuf, les femmes prennent la parole. La première est Catherine Germain, une femme aux talents immenses. Depuis plusieurs années, elle promène son personnage d’Arletty, si espiègle et si attachant. Dans Le 6e Jour, elle raconte l’histoire de la genèse.

 

Première femme et aussi première clown parce que le cirque-théâtre partage cette saison des Regards de clown(e)s. Pour le directeur du cirque-théâtre, « ce ne sont pas des comédiens, ni des acrobates, mais des poètes ». Lors de ce temps forts, il y a Emma la clown, personnage irrésistible et facétieux qui répète sa mort dans Emma mort… même pas peur. Troisième clown : Hélène Ventoura qui revisite le conte de Cendrillon. Elle se moque pas mal des recommandations de sa marraine et n’hésite pas à parler au prince après les 12 coups de minuit – donc sans la magnifique robe de princesse, les bijoux et les pantoufles de vair – et à s’enfuir vers des univers surréalistes.

 

Des femmes encore avec le collectif Mad, sept acrobates finlandaises qui ont choisi de quitter leur pays pour vivre leur passion, le cirque. Dans Mad in Finland, elles racontent cette vie de saltimbanques, l’exil et aussi la Finlande telle qu’elles l’aiment et la fantasment.

 

Le cirque-théâtre accueille également le Groupe Bekkrell, un collectif de femmes acrobates. Avec ce (Titre instable), elles jouent sur la notion de fusion, de désintégration, de matières… Il y a Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen qui se laissent suspendre par leurs cheveux. C’est enfin le retour de Marie-Anne Michel. Danseuse au mât chinois, elle évolue avec grâce sur cet agrès dans Métanoïa qui signifie au delà de nous. « C’est une éloge de la lenteur. Ce spectacle est comme une prière ».

 

Dans cette saison, il y a aussi des hommes. Mourad Merzouki, un chorégraphe inventif, la compagnie Pagnozoo et ses chevaux, Gilles Defacque, Les Escargots ailés avec un chauve-souriceau, Jérôme Thomas, étonnant jongleur, Fragan Gehlker qui passe sa vie dans les hauteurs… Le cirque-théâtre reçoit le fabuleux Cirque Plume qui fête ses 30 ans avec Tempus Fugit ?, une ballade sur le chemin perdu.