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Les Lunaisiens, sérieux ou pas

D’un côté les Cantates de Bach, Charpentier et Danielis. De l’autre, des chansons et des airs de cour à rire et à pleurer, à boire et à danser. Les Lunaisiens, formation née de la rencontre entre Arnaud Marzorati et Jean-François Novelli, font un grand écart musical lors du festival de musique ancienne qui se tient jusqu’au 23 août à Arques-la-Bataille.

 

Lunaisiens bisParticularité du répertoire des Lunaisiens : l’éclectisme. Leurs concerts au festival de musique ancienne le démontrent une nouvelle fois. Accompagné à l’orgue par Benjamin Alard et Marc Meisel, Les Lunaisiens abordent tout d’abord le motet dans les deux premiers épisodes du Mot et le verbe. « Nous partons des grands motets allemands avec Bach (1685-1750), un compositeur universel, qui sont extraordinaires à chanter », remarque Arnaud Marzorati. Parmi eux, il y a le célèbre Jesu, meine Freude. Les Lunaisiens vont plus loin avec les œuvres de Charpentier (1643-1704).

 

Ces deux compositeurs, « c’est notre base, nos origines. Nous nous sommes nourris de leurs œuvres. Nous les avons beaucoup chantées partout. Nous avons envie aujourd’hui de proposer notre façon de faire. En tant que voix, nous avons des airs à placer. Nous sommes comme des instruments de musique de chambre. Chez Charpentier, il a une harmonie à faire sonner. C’est une grammaire. Alors que Bach est plus mathématique ».

 

Dans ce programme sur le motet, Les Lunaisiens « mélangent les maîtres et un artisan ». Ils intègrent des œuvres de Danielis (1635-1696). « J’aime beaucoup ce compositeur. Il y a une naïveté qui me plaît », confie Arnaud Marzorati. « C’est comme en peinture. Vous allez au musée, vous êtes entouré de génie. A un endroit, il y a un petit tableau qui va vous toucher ».

 

A chanter et à boire

C’est un programme avec lequel « nous aimons nous amuser ». Les Lunaisiens proposent également Les Délices des bonnes compagnies. Ils interprètent des airs poétiques et légers qui expriment l’esprit libertin, « goûteur de toutes les saveurs », et le plaisir de l’ivresse, « proche de celui de l’amour. Pour ces auteurs, la route est la même. Ce sont des jouissances, des quêtes d’un idéal. Ce ne sont pas des airs de beuverie. L’écriture est plutôt métaphorique. L’amour est déclaré dans une langue très plaisante ».

 

Ces chansons, signées par Moulinié, Boesset, Guédron, Boyer, Chancy et Rosiers, étaient interprétées dans les salons ou lors des repas. « Régulièrement, on chantait, on se racontait des histoires. La grande difficulté pour nous est d’imaginer le contexte. Nous ne sommes pas là dans le folklore, dans la fête de village mais dans un cadre restreint. Il faut recréer ce cocon ». Comme lorsque l’on chante entre amis.

 

  • Parcours sur le motet, « Le Mot et le verbe », jeudi 21 août à 11 heures en l’église à Arques-la-Bataille, vendredi 22 août à 11 heures en l’église Saint-Rémy à Dieppe. Entrée gratuite. Réservation sur www.academie-bach.fr
  • Les Délices de bonnes compagnies, vendredi 22 août à 22h30 à la salle des fêtes à Martin-Eglise. Tarifs : 16 €, 9 €, gratuit pour les moins de 18 ans. Réservation sur www.academie-bach.fr
  • Conférence « De L’Air de cour à l’air à boire » par Arnaud Marzorati et Jean-François Novelli vendredi 23 août à 14h30 au Presbytère à Arques-la-Bataille. Entrée gratuite.
  • Lire également : l’interview de Benjamin Lazar, la présentation du festival avec Jean-Paul Combet