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« Louées soient-elles » fissure les modèles féminins


Après la création en février dernier, Louées soient-elles est repris mardi 19 et mercredi 20 mars à la chapelle Corneille à Rouen. Deux nouvelles dates pour découvrir ce spectacle en forme de poème sur les personnages féminins de l’histoire.

Des robes, des étoles, des manteaux et autres costumes de différents styles et époques recouvrent tout le plateau, semblable à une malle géante qui enthousiasme les après-midis à se déguiser. Une femme plonge dans ces trésors. Puis une deuxième, une troisième… Elles sont cinq à porter l’histoire de ces héroïnes emblématiques. De la sainte à la prostituée, de la plus naïve à la pêcheresse, de l’épouse modèle à la femme passionnée. Comme toujours les costumes sont trop lourds à porter et vont vite être éjectés par dessus bord. Les corps vont alors pouvoir se libérer.

C’est toute une galerie de portraits qui s’ouvre dans Louées soient-elles, repris mardi 19 et mercredi 20 mars à la chapelle Corneille à Rouen. Des portraits « dessinés » par un homme, Haendel (1685-1759). Dans cette partition interprétée par l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, le chef Iñaki Encina Oyón a réuni les plus beaux airs du compositeur allemand consacrés aux femmes et reliés par la musique electro de Félix Perdreau. Les deux chanteuses, Yun Jung Choi, soprano, et Aude Extrémo, mezzo-soprano, forment un duo magnifique, alternant les rôles. À la première, les plus tendres et sensuels, à la seconde, les plus sombres. Elles se retrouvent sur le bouleversant extrait de La Resurrezione dans les rôles de Marie-Madeleine et Marie Cléophas.

Au chant se mêlent la danse et le cirque sur ce plateau circulaire et tournant. Comme l’a déjà imaginé David Bobée avec le Stabat Mater de Pergolese. Le metteur en scène et directeur du CDN de Normandie Rouen revient à la musique baroque avec Louées soient-elles, conçu avec Corinne Meyniel. Pour chaque partition, une femme, un parcours et un tableau vivant. Avec chacune leur langage, les deux danseuses, Ella Ganga, très habitée, et la délicate XiaoYi Liu, la circassienne, Élise Bjerkelund Reine incarnent la souffrance, les blessures, les tourments de ces figures féminines. Il y a Dorinda l’amoureuse, Bradamante l’aventurière, Cléopâtre la séductrice, Agrippine la castratrice, Mélissa la sorcière… Tous des modèles de la féminité que ce spectacle en forme de traversée poétique vient fissurer.

Infos pratiques

  • Mardi 19 et mercredi 20 mars à 20 heures à la chapelle Corneille à Rouen.
  • Tarifs :  de 32 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr