Mathias Vidal : « Le comte Ory, c’est un rôle dans un rôle »

photo : Laurent Guizard


Le Comte Ory est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Profitant du départ des hommes à la guerre, il va utiliser différents subterfuges pour conquérir le cœur de la belle comtesse Adèle et en même temps son château. Pour cela, il n’hésitera pas à se déguiser en ermite et en nonne. Il se fera vite démasquer… C’est l’histoire du Comte Ory, une œuvre de Rossini, mise en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau et présentée jusqu’au 26 janvier à l’Opéra de Rouen Normandie. Mathias Vidal, ténor français qui traverse tous les répertoires, joue un comte Ory épatant. Entretien avec l’un des plus grands chanteurs français qui n’hésite pas à relever tous les défis musicaux.

Qui est véritablement le comte Ory ?

C’est une grosse crapule. Il est un Robin des bois inversé. Il est déshérité. Il n’a pas d’argent alors il va voler. Le comte Ory est un véritable charlatan.

Qu’avez-vous souhaité amener à ce personnage du comte Ory ?

J’ai voulu y amener un peu d’humanité. Par sa bêtise et sa simplicité, il reste avant tout un homme. Je trouve cela tellement beau de voir quelqu’un qui rate ses projets. Il y a une certaine poésie dans ces actes.

Est-ce pour cette raison que vous avez accepté cette proposition ?

Le comte Ory, c’est un rôle dans un rôle parce qu’il joue un double jeu. J’aime beaucoup cela. Cela permet de tenir différents personnages. En plus, on se déguise sur scène. Néanmoins, cela reste du Rossini. La musique est très enlevée, rapide. Il faut être très actif, très percutant. Les notes sont très courtes.

Pierre-Emmanuel Rousseau, le metteur en scène, dit qu’il faut incarner. Ce genre de répertoire doit être à la fois chanter et jouer.

Cela reste avant tout du chant. Dans ce genre de répertoire, il faut projeter sa voix. Je suis habitué à faire de l’opérette, cela demande énormément de travail. C’est ce qu’il y a de plus difficile à faire. Il faut être sérieux. On travaille sans rigoler parce qu’il faut tenir la mesure. Les gags, c’est une horloge et il est essentiel de tenir le plateau avec beaucoup de rigueur. Pierre-Emmanuel a raison. Il faut aussi jouer.

Vous avez toujours navigué d’un répertoire à l’autre. Qu’est-Qu’est-ce qui vous motive ?

Je suis pianiste de formation. Je me suis intéressé à toute l’histoire de la musique. Vocalement, c’est la même chose. J’utilise la même couleur, la même voix. C’est le style qui change. C’est justement le style qu’il faut s’approprier. Pour le baroque français, avec tous ses ornements, tout passe par le corps et aussi la voix. Pour la musique romantique, il faut plus étirer la voix, davantage s’épancher. Pour Le Comte Ory, il faut au contraire garder un côté léger, un rythme parce que les notes sont courtes. C’est très physique.

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