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Musiques des camps

Hélios Azoulay et son ensemble de musique incidentale dévoilent pour la cinquième année des pages d’un répertoire inédit de musiques composées dans les camps de concentration. C’est jeudi 8 mai dans le cadre du Printemps de Rouen.

 

photo Charles Guibert
photo Charles Guibert

Impossible de ne pas associer ce nouveau concert dédié à la musique des camps à Violette Jacquet-Silberstein. Cette ancienne déportée, décédée en janvier dernier à l’âge de 88 ans, était venue l’année passée, pour témoigner de la vie à Auschwitz-Birkenau. Femme généreuse et drôle qui a passé son enfance au Havre, elle était violoniste dans l’orchestre du camp, dirigé par Alma Rosé, nièce de Gustav Mahler. Elle était aussi la dernière survivante française de cet ensemble qui devait satisfaire les envies musicales des Allemands, notamment du terrifiant docteur Mengele.

 

Pour cette venue, Hélios Azoulay avait écrit pour Violette Jacquet-Silberstein La Rêverie de Mengele, une retranscription de La Rêverie de Schumann. Le musicien et compositeur rouennais jouera à nouveau avec son ensemble de musique incidentale cette pièce musicale. Un hommage à cette femme, née en Roumanie, qui s’était promis de « faire comprendre la déportation »  jusqu’au bout de ses forces.

 

Pour ce cinquième concert, Hélios Azoulay poursuit une exploration de ce répertoire des musiques composées dans les camps de concentration. Cela fait six ans qu’il a entamé des recherches. Il ne faut pas voir là un devoir de mémoire mais un « devoir d’apprentissage », « un travail de passage », encore plus indispensable aujourd’hui. « L’époque me rend triste. On voit se libérer une parole violente, inculte et barbare ».

 

Avec l’ensemble de musique incidentale, Marielle Rubens, Jonathan Benichou et Pablo Schatzman, Hélios Azoulay interprétera « un répertoire touchant, héroïque, tendre, un répertoire nourri du souci de réfléchir à un drame et aux raisons de ce drame. C’est un sujet immense et labyrinthique où on ne peut pas trouver le sens, où on ne peut pas être à la recherche de la vérité. Ce sont des faits que l’on n’expliquera jamais. Il y a cependant au centre de tout cela une espèce de noirceur, d’horreur, de terreur ».

 

Le programme du concert est composé de berceuses destinées aux enfants, de chansons françaises, polonaises et tchèques, des quatuors à cordes qui « chantent le secret des baraques et portent le parfum de la clandestinité ».

 

  • Jeudi 8 mai à 20h30 à la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers à Rouen. Concert gratuit. Réservation au 02 32 08 13 90.
  • Mercredi 14 mai à 20h30, dimanche 15 juin à 17h30 au théâtre de la Vieille-Grille, 1, rue du Puits de l’Ermite à Paris (Ve arrondissement). Tarifs : 20 €, 15 €. Réservation au 01 47 07 22 11 ou à vieillegrille@gmail.com