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Nathalie Béasse au Tangram : « je fonctionne comme un réalisateur »

photo J. Blin

Difficile de définir le travail de Nathalie Béasse. La metteure en scène écrit des récits pluriels avec une multitude d’images pour faire appel au ressenti et titiller l’imaginaire du spectateur. Dans Le Bruit des arbres qui tombent, elle réunit sur le plateau quatre artistes, trois comédiens et un danseur, pour dresser le portrait en gros plan de quatre individus. Tous viennent pour raconter une histoire, un souvenir… Nathalie Béasse explore à nouveau un thème récurrent dans ses créations, la famille et ses secrets. À voir jeudi 17 janvier au Tangram à Évreux. Entretien avec la metteure en scène.

Pourquoi avez-vous commencé le travail du Bruit des arbres qui tombent dans à l’extérieur des salles de spectacles ?

Mon travail est très visuel et très organique. Pour la plupart de mes spectacles, je commence peu souvent en intérieur. Je vais dans la nature, à l’intérieur des parkings. J’ai besoin de terre, de sable. Je dois mettre l’extérieur à l’intérieur. C’est comme si je rentrais dans un film. J’ai aussi besoin que les acteurs et moi sommes baignés dans la vraie matière, que nous ayons un rapport physique aux éléments. Mon point de départ n’est pas un texte. Il est le corps, la matière, la lumière. Donc, nous avons besoin d’être nourris par l’extérieur.

Quand arrive le texte alors ?

Il arrive en même temps que le reste. Dans mes valises, j’ai des couleurs, des costumes, des morceaux de films, des peintures… À chaque création, tout est toujours différent.

À quel moment se font les choix ?

Tous les choix se font avec l’écriture global du spectacle. Je fonctionne comme un réalisateur. Je tourne des séquences et je fais un montage. Au début du processus de création, j’en ai plein. Je dois alors épurer, vider pour aller à l’essentiel, pour trouver un équilibre dans le jeu, pour que chaque comédien se trouve au même endroit, au même niveau. Je travaille beaucoup sur l’humain, sur la chair, sur les langues.

Dans Le Bruit des arbres qui tombent, vous n’avez pas souhaité raconter une histoire. Pourquoi ?

En effet, il n’y a pas d’histoire mais, à la fin du spectacle, le spectateur peut se raconter son histoire. Ce sont comme des nouvelles, des tableaux métaphysiques, oniriques, symboliques pour parler de l’humanité.

Pourquoi la terre est-elle omniprésente ?

La terre est l’élément de la vie et de la disparition. Elle peut révéler ou engloutir. Comme l’eau. Les éléments sont très importants pour moi. Ils permettent d’être dans un état mystérieux, être dans l’instant présent. Il faut que le spectateur soit disponible et accepte de lâcher prise. Comme se perdre dans une forêt.

Le thème de la famille est à nouveau présent dans Le Bruit des arbres qui tombent.

Je travaille beaucoup autour de la thématique de la famille, de la fratrie, de la place de l’individu dans un groupe, de sa difficulté de s’exprimer, de ses échappatoires, de la vie, de la mort… Ce sont en effet des thèmes qui je creuse. Le Bruit des arbres qui tombent est davantage une tragédie même s’il y a quelques instants très drôles. Je suis hypersensible à l’actualité. Toutes ces choses que l’on vit, ressent se retrouvent là. Les spectacles racontent le monde.

Pourquoi êtes-vous davantage sensible à la thématique de la famille ?

C’est un thème qui me travaille, qui fait partie de moi. Le rapport à l’autre commence dans la famille. C’est une humanité. 

Infos pratiques

  • Jeudi 17 janvier à 20 heures au Cadran à Évreux.
  • Tarifs : de 20 à 8 €. Pour les étudiants :  carte Culture.
  • Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com