/

Normandie impressionniste au Havre : un portrait de Boudin au MuMa

Le portrait : tel est le thème de la troisième édition de Normandie impressionniste qui se tient jusqu’au 26 septembre. Le MuMa – musée d’art moderne André Malraux au Havre a eu la bonne idée de dresser un portrait. Celui d’Eugène Boudin, né à Honfleur, à travers 200 œuvres, des peintures et des dessins.

 

MumaboudinoneBoudin et Le Havre. « Il y a une histoire singulière entre Eugène Boudin et la ville du Havre », rappelle Annette Haudiquet, conservateur en chef du Patrimoine, directrice du MuMa – musée d’art moderne André Malraux. Eugène Boudin est né à Honfleur le 12 juillet 1824. La famille arrive au Havre 11 ans plus tard. Le père est matelot, la mère, femme de ménage. C’est à 22 ans qu’Eugène Boudin décide de consacrer sa vie à la peinture. En 1851, le conseil municipal du Havre lui accorde une bourse afin qu’il aille étudier la peinture à Paris pendant trois ans. Le peintre ne s’inscrira jamais dans un atelier, préférant travailler sur le motif en Normandie. Pendant toute sa vie, Boudin voyagera beaucoup en Bretagne, dans le nord de la France, sur la Côte d’Azur, en Belgique, aux Pays-Bas. Néanmoins, Le Havre reste « sa ville de cœur » même si « elle n’a pas eu les retours qu’elle imaginait ». En contrepartie de l’enveloppe accordée, Boudin devait envoyer des copies d’œuvres de maîtres anciens exposées au Louvre. Il a fait parvenir La Tempête d’après Jacob van Ruisdael, La Prairie d’après Paulus Potter, puis une nature morte personnelle, Gibier et fruits sur une table. Si la ville du Havre achète des peintures et des dessins, Boudin lui offre seulement Nature morte aux poissons (1873) avant sa mort le 8 août 1898.

 

Une collection exceptionnelle. Le MuMa – musée d’art moderne André Malraux au Havre possède dans ses collections 325 œuvres d’Eugène Boudin. Ce qui le place au deuxième rang des fonds les plus importants consacrés au peintre, après le musée d’Orsay à Paris (environ 6 000 pièces) et avant le musée Eugène Boudin à Honfleur (103). Le musée du Havre est le premier à acheter des œuvres de l’artiste normand. En 1900, il reçoit de la part de Louis Boudin, le frère, un lot de 240 œuvres. « Ce sont des œuvres que Boudin avait gardées dans son atelier », remarque Annette Haudiquet. « Elle est exceptionnelle », ajoute Laurent Manœuvre, commissaire scientifique, historien de l’art et ingénieur de recherche au service des musées de France. « Elle réunit des invendus, des travaux des débuts. Pourquoi Eugène Boudin a-t-il voulu les garder ? Il y a aussi des œuvres de la fin de carrière qui ne sont pas terminées. Elles traversent une carrière et nous amènent à nous interroger sur la manière dont Boudin travaillait ». 28 pièces proviennent également de la collection d’Olivier Senn.

 

mumaboudintwoUn parcours chronologique. Il n’y avait pas eu au Havre d’exposition consacrée à Eugène Boudin depuis 1906. Celle-ci, Eugène Boudin, l’atelier de la lumière, présentée jusqu’au 26 septembre lors du festival Normandie impressionniste, a un caractère exceptionnelle. D’autant qu’elle est « différente », indique Laurent Manœuvre. « Nous sommes partis de la collection du musée pour la confronter aux autres œuvres ». 200 pièces des différentes périodes, dont la moitié provient de divers prêts, sont présentées et dessine un parcours chronologique, entre études et travaux terminés. Boudin représente des scènes de plage, de la vie moderne, des marines, des natures mortes et des études, notamment des ciels qui ont tant séduit Camille Corot.

 

 

Un homme libre et insatisfait. Durant toute sa vie, Eugène Boudin a beaucoup travaillé. Et très vite. « Même s’il se disait paresseux ». Il aurait peint plus de 4 000 toiles et les 6 000 dessins du musée d’Orsay représenteraient seulement un quart de sa production. Eugène Boudin a été un artiste incompris. « Il a sans cesse rabattu les cartes par rapport à la tradition. Il ne s’est jamais rien interdit. Parfois, il y a peu de matière. Ailleurs, il empâte. Il utilise aussi toutes les techniques. En fait, il veut être libre. Ce qui fait de Boudin un artiste incernable. Pour lui, la peinture doit être un moment particulier, une poésie particulière. Cet homme a toujours recherché une expression. Comme il était insatisfait, il a lutté. Il a toujours voulu s’améliorer, aller plus loin dans ses recherches du rendu d’une atmosphère. Il ouvre la voie à l’impressionnisme ».

 

 

  • Eugène Boudin, l’atelier de la lumière, exposition visible au MuMa – musée d’art moderne André-Malraux au Havre, du lundi au vendredi, sauf le mardi, de 11 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures (fermeture les mardis, les 1er mai et 14 juillet).
  • Tarifs : 10 €, 6 €, entrée gratuite pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi et leur famille, pour tous le premier samedi de chaque mois.
  • Renseignements au 02 35 19 62 62 ou sur www.muma-lehavre.fr