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Opéra : Une « Cenerentola » fraiche et joyeuse

C’est une nouvelle production lyrique à l’Opéra de Rouen Haute-Normandie qui entre dans la thématique des Contes et légendes. La Cenerentola de Rossini, une œuvre créée à Rome le 25 janvier 1817, est présentée du 16 au 24 janvier à Rouen. Un spectacle coloré et joyeux.

 

photo Alain Kaiser
photo Alain Kaiser

Dans cet opéra, La Cenerentola, composé en 24 jours, Gioacchino Rossini (1792-1868) pioche dans le conte de Charles Perrault. Là, c’est la mère de Cendrillon qui se remarie, avec Don Magnifico, et donne naissance à deux autres filles, Tisbé et Clorinda, avant de mourir. Pas de citrouille qui se transforme en carrosse. Pas d’horloge qui sonne les douze coups de minuit. Pas de pantoufles de vair mais des bracelets comme souvenirs d’une rencontre lors d’un bal. Pas de fée non plus mais un mendiant, Alidoro, à la fois homme mystérieux, sage, bienveillant et tuteur du prince Don Ramiro. C’est lui qui tire en fait les ficelles de cette histoire.

 

La Cenerentola de Rossini perd une grande part de merveilleux mais révèle davantage l’humanité, ou pas, des personnages. Il y a tout d’abord ce trio d’hypocrites avides à la recherche de reconnaissance, d’argent. Don Magnifico a des allures de bouffon. Quant à ses deux filles, Tisbé et Clorinda, elles savent être complices pour rudoyer Cenerentola mais deviennent de terribles rivales lorsqu’il s’agit de séduire le prince. L’une, Tisbé, est la plus féline, la plus coquine, et use de tous ses charmes. L’autre, Clorinda, a gardé sa maladresse enfantine. Murés dans leur étroitesse d’esprit, tous les trois, très bien interprétés, deviennent des personnages grotesques et drôles.

 

Le triomphe de la bonté

Face à eux, il y a Cenerentola, douce, mélancolique, bouleversante qui revendique le droit de chanter, Elle est le symbole d’un peuple soumis à l’égoïsme et la voracité des puissants. Mais elle ne laisse pas le hasard décider à sa place. Elle sait affirmer des choix et des intentions. C’est au triomphe de la bonté que l’on assiste. Pour cela, Rossini emprunte à Marivaux. Le prince, toujours noble et peut-être trop en retenue face à ses sentiments, et son écuyer, à l’énergie débordante, échangent leur rôle afin de sonder la sincérité des sentiments des jeunes filles et de faire tomber les faux-semblants.

 

La mise en scène de Sandrine Anglade, reprise par Sophie Robin et Pascaline Verrier, joue de toutes ces ambiguïtés, de ces quiproquos qui créent des situations savoureuses. Dans un décor, qui peut paraître un eu lourd, elle sert cette œuvre oscillant constamment entre opéra buffa et opéra seria et cette musique, proche d’une mécanique fragile.

 

La distribution

  • Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie
  • Chœur Accentus Opéra de Rouen Haute-Normandie
  • Direction : Antonino Folgliani
  • Angelina : Victoria Yarovaya
  • Don Magnifico : Graeme Danby
  • Tisbé : Majdouline Zerari
  • Clorinda : Jenny Daviet
  • Don Ramiro : Carlos Natale
  • Dandini : Aimery Lefèvre
  • Alidoro : John Molloy
  • Mise en scène : Sandrine Anglade reprise sous la direction de Sophie Robin et Pascaline Verrier
  • Décors et costumes : Claude Chestier

 

Les dates

  • Vendredi 16 janvier à 20 heures, dimanche 18 janvier à 16 heures, mardi 20, jeudi 22 et samedi 24 janvier à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Tarifs : de 68 à 10 €. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr

 

En plus

  • Jeudi 15 janvier à 19 heures au Théâtre des Arts : conférence de Didier Durand-Bancel sur Rossini ou la musique comme gourmandise
  • Lundi 19 janvier à 19h30 : projection de Cet Obscur Objet du désir de Luis Buñuel à l’Omnia à Rouen