Il a toujours le même flow, la même verve. Pourtant Oxmo Puccino a changé. Jusqu’alors très sombre, il est devenu optimiste. Il y a en effet beaucoup plus de lumière dans son huitième album, La Voix lactée. Oxmo Puccino évoque la joie, prône la lenteur pour penser, conseille de provoquer la chance. Il est en concert samedi 28 mai au Tetris au Havre.
Dans chaque album, vous avez pris divers chemins. Est-ce, pour vous, voir les choses avec un angle différent ?
Nous évoluons tous. Envie après envie. Expérience après expérience. Rencontre après rencontre. J’espère avoir changé. Cela se fait de manière instinctive. Il y a aussi le concret. Comme je dis, il faut s’en tenir au fait. Le reste fera son chemin.
Que voulez-vous dire lorsque vous parler du concret ?
C’est ce que j’observe tous les jours. Ce sont les faits. Et il ne faut pas se disperser ailleurs. Nous sommes tous des individus et nous nous dispersons tous. Aujourd’hui, notre attention est dispersée par tout ce que fabrique les hommes. Il faut au contraire se concentrer sur l’essentiel, avoir de la curiosité. J’ai une curiosité pour l’histoire en général, pour la nature humaine. J’ai aussi ne notion du temps très importante. Or, nous sommes dans l’urgence.
Nourrissez-vous cette curiosité dans la lecture ?
La lecture me nourrit beaucoup. Il y a une chose que je n’excuse pas, c’est de ne pas lire. Je suis né au Mali. Là-bas, le taux d’illettrisme est très important. Un livre est une richesse inestimable qu’il faut respecter. Je lis tous les jours. Et toujours avant de dormir.
Parce que les mots réparent les cassures, comme vous écrivez dans une chanson.
Oui, bien sûr. Ce sont les mots qui cicatrisent les blessures invisibles. Et la première personne que je cherche à guérir, c’est moi. L’écriture, c’est vital, cosmique. Les mots traversent le temps et ont sauvé des civilisations. Tout passe par les mots.
Est-ce que la parole a aussi ces bienfaits ?
La parole a un poids encore plus important. Les gens ne lisent plus mais ils ont toujours des oreilles. Il faut donc adapter son langage.
Les mots, comme la parole, peuvent être blessants.
Oui et nous sommes en plein dedans. Les mots doivent être des outils de perfection. Notre histoire a toujours été chaotique et nous devons essayer d’aller vers la lumière. Aujourd’hui plus que jamais.
Comment êtes-vous alors devenu plus optimiste ?
C’est une démarche, un effort que j’offre à mon prochain. Il a fallu un cheminement, une volonté certaine d’apporter quelque chose de positif. Je sais que cela n’est pas donné à tout le monde. C’est un vrai parcours du combattant. Il faut creuser en soi jour après jour. Et tout le monde a cette lumière en soi.
Est-ce que vous avez eu de la chance ?
La chance, c’est aussi beaucoup de travail. Bien sûr que j’ai eu de la chance. Tout le monde en a. Il faut savoir la saisir. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une sorte de sincérité avec soi-même.
Vos prochaines chansons auront-elles cette même lumière ?
Oui parce que je suis le rappeur de l’amour. C’est mon destin.
- Samedi 28 mai à 20h30 au Tetris au Havre. Tarifs : de 24 à 19 €. Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr
- Premières parties : Neko et Alma
